Actualités
Actualités
7 mai 1717: le tsar Pierre le Grand arrive à Paris

Écrit le lundi 12 mars 2018 05:46

lundi, 12 mars 2018 05:46

7 mai 1717: le tsar Pierre le Grand arrive à Paris

7 mai 1717: le tsar Pierre le Grand arrive à Paris



Il s’en faut beaucoup que les voyages des empereurs Charles IV, Sigismond et Charles-Quint, en France, aient eu une célébrité comparable à celle du séjour qu’y fit Pierre le Grand — il avait déjà fait un voyage, en 1697, dans toute l’Europe, mais n’était pas venu en France, à cause de certains mécontentements qu’il avait de Louis XIV.

Ces empereurs n’y vinrent que par des intérêts de politique, et n’y parurent pas dans un temps où les arts perfectionnés pussent faire de leur voyage une époque mémorable ; mais quand Pierre le Grand alla dîner chez le duc d’Anti , dans le château de Petitbourg, à six lieues de Paris, et qu’à la fin du repas il vit son portrait, qu’on venait de peindre, placé tout d’un coup dans la salle, il sentit que les Français savaient mieux qu’aucun peuple du monde recevoir un hôte si digne.

Il fut encore plus surpris lorsque, allant voir frapper des médailles dans cette longue galerie du Louvre, où tous les artistes du roi étaient honorablement logés, une médaille qu’on frappait étant tombée, et le tsar s’empressant de la ramasser, il se vit gravé sur cette médaille avec une renommée sur le revers, posant un pied sur le globe, et ces mots de Virgile, si convenables à Pierre le Grand : Vires acquirit eundo ; allusion également fine et noble, et également convenable à ses voyages et à sa gloire.

On présenta de ces médailles d’or à lui et à tous ceux qui l’accompagnaient. Allait-il chez les artistes, on mettait à ses pieds tous les chefs-d’œuvre, et on le suppliait de daigner les recevoir. Allait-il voir les hautes-lisses des Gobelins, les tapis de la Savonnerie, les ateliers des sculpteurs, des peintres, des orfèvres du roi, des fabricateurs d’instruments de mathématiques, tout ce qui semblait mériter son approbation lui était offert de la part du roi.

Pierre était à la fois mécanicien et géomètre. Il alla a l’Académie des sciences, qui se para pour lui de tout ce qu’elle avait de plus rare ; mais il n’y eut rien d’aussi rare que lui-même ; il corrigea de sa main plusieurs fautes de géographie dans les cartes qu’on avait de ses Etats, et surtout dans celle de la mer Caspienne.

Enfin il daigna être un des membres de cette Académie, et entretint depuis une correspondance suivie d’expériences et de découvertes avec ceux dont il voulait bien être le simple confrère. Il faut remonter aux Pythagore et aux Anacharsis pour trouver de tels voyageurs, et ils n’avaient pas quitté un empire pour s’instruire.

On ne peut s’empêcher de remettre ici sous les yeux du lecteur ce transport dont il fut saisi en voyant le tombeau du cardinal de Richelieu. Peu frappé de la beauté du monument, il ne le fut que de l’image d’un ministre qui s’était rendu célèbre dans l’Europe en l’agitant, et qui avait rendu à la France sa gloire perdue après la mort de Henri IV.

On sait qu’il embrassa cette statue, et qu’il s’écria : « Grand homme, je t’aurais donné la moitié de mes Etats pour apprendre de toi à gouverner l’autre ! » Enfin, avant de partir, il voulut voir cette fameuse madame de Maintenon, qu’il savait être veuve de Louis XIV, et qui touchait à sa fin. La conformité entre le mariage de Louis XIV et le sien, excitait sa curiosité.

Connectez-vous pour commenter