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Le docteur Satan

Écrit le lundi 5 novembre 2018 16:38

lundi, 05 novembre 2018 16:38

Le docteur Satan

Le 18 mars 1946 s'ouvre le procès du plus grand criminel des années 40. Landru et ses onze victimes est largement battu.
Marcel Petiot, docteur en médecine, est accusé de vingt-sept crimes. Il en revendique soixante-trois!
Dans son enfance, Marcel Petiot a été successivement tortionnaire d'animaux, voleur, pornographe, le tout avant d'avoir atteint l'âge de la puberté. Le moins que l'on puisse dire, c'est qu'il avait des antécédents.
Extrêmement intelligent (il pouvait lire un roman de trois cents pages en une heure), il aurait pu prétendre à une autre destinée.

Après la guerre de 14-18, durant laquelle il s'est courageusement battu, il revient dans son Yonne natale pour exercer son métier de médecin. Il se fait remarquer en ne faisant pas payer ses patients les plus pauvres.
En 1926, il commet son premier crime, envers sa domestique, qui était devenue sa maîtresse. En 1927, maire de Villeneuve sur Yonne, il doit s'exiler à Paris pour se faire oublier, car il avait détourné l'électricité communale à son profit.
Il s'installe rue Caumartin et est apprécié de ses patients. Puis de petits délits le font condamner pour folie. La suite prouvera qu'il n'était pas fou, mais pervers.
Nous nous retrouvons en mars 1944. Les pompiers sont à l'oeuvre devant son hôtel particulier du 21 rue Le Sueur.

Le spectacle qu'ils découvrent est digne des pires films d'épouvante. Des corps en décomposition, des corps dépecés en train de se consumer dans un calorifère... Leur nausée passée, ils alertent les forces de police.
Sans se démonter, Petiot leur déclare que les cadavres sont ceux d'allemands. Les pompiers repartent en murmurant (nous sommes encore sous l'occupation allemande, Paris ne sera libéré qu'en août 1944) "Vive de Gaulle !".
Petiot les a bernés. Petiot a acheté l'hôtel particulier en 1941. Il parvient à se faire passer pour le chef d'un réseau de passeurs clandestins. Il fait passer les juifs en Amérique du Sud, contre de fortes sommes.
Mais les plus curieux sont éliminés. La Gestapo croit que le docteur Eugène (nom d'emprunt de Petiot), est un véritable passeur.
Arrêté par la Gestapo le 24 mai 1943, il est torturé, mais n'avouera rien. Il promettra le 13 janvier 1944 de travailler pour la Gestapo, et sera libéré.
Vaine promesse. Petiot ne travaille que pour lui. Mais pour l'heure, il doit faire disparaître les restes des corps non carbonisés.

Il sera appréhendé par les FFI (Forces Françaises de l'Intérieur), le 31 octobre 1944, à la station de métro St Mandé.
Devant le juge, il avoue tout. Il revendiquera soixante trois crimes ! On découvrira que la majorité des victimes était juive, mais que le mobile des crimes était l'argent, pas la religion.
Lors de son procès, son image de brave homme résistant sera mise à mal, et sa culpabilité avérée.
L'une des dernières paroles qu'il prononcera le matin de son exécution, le 25 mai 1944, à l'encontre de ses gardiens sera: "Tu m'emmerdes !".

A 5h05, le docteur Satan a cessé de vivre.

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