Auteur : Philippe | Années : 1889/1914 |
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Guimard, l'architecte de l'Art Nouveau Né à Lyon en 1867, Hector Guimard "monte" à Paris en 1880 avec ses parents. Il entre à quinze ans à l'Ecole Nationale Supérieure des Arts Décoratifs.
Le Palais de l'électricité
A la fin de l'année 1894, Hector Guimard, "architecte d'art" selon son expression, n'a que vingt-sept ans lorsqu' Elisabeth Fournier lui commande un immeuble de rapport.
Les trente-six appartements distribués sur six étages du castel Béranger (d'abord appelé castel Fournier, il devint le castel Béranger en raison de la proximité de
Un modèle de papier peint imaginé par Guimard
Et Guimard, concevant l'architecture comme un tout, donne autant d'importance au décor des façades dont il dessine les éléments (par souci d'économie, il a recours à
En 1898, année de son achèvement, le castel Béranger, situé au 14 rue Jean de la Fontaine, dans le 16ème arrondissement, est primé au concours de façades. Mais ses contemporains, choqués par cet "Art Nouveau' le surnomment le "castel dérangé".
Le castel Béranger
La porte d'entrée principale est l'oeuvre de Balet, avec ses plaques de cuivre rouge enchassées dans des circonvolutions de fer forgé, donne accès à un vestibule
La porte d'entrée principale du castel Béranger
Le Castel Béranger rend Hector Guimard célèbre du jour au lendemain et entraîne une flambée de commandes qui vont faire de lui la figure de proue de l'Art nouveau en
Vestibule du castel Béranger
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La consécration Cette toute nouvelle notoriété sera le tremplin nécessaire qui lui manquait pour accéder à la célébrité internationale.
L'édicule Guimard de la station Porte Dauphine
Occupé par le chantier du métro, Guimard participe quand même à l'Exposition universelle de 1900, quoique de manière disparate. Il conçoit notamment le pavillon du
Flacon de parfum imaginé par Guimard
Il est également sollicité – signe d’un succès encore tangible à ce moment – par la Manufacture nationale de Sèvres, qui lui commande successivement plusieurs modèles de vases.
Un des nombreux modèles de vases
La maturité C'est lors de l'Exposition Universelle de l'Habitation en 1903 qu'il imposera ce qu'il a lui-même nomme "le style Guimard". La quarantaine passée, Guimard épouse en 1909 l'artiste peintre américaine Adeline Oppenheim, fille d’un riche banquier de New York, qui a la vertu d’apporter à Cette union donne lieu à l’édification de l’hôtel Guimard de l’avenue Mozart, cadeau de noce à son épouse en quelque Véritable « architecture- manifeste », il s’agit bien – et l’hôtel Mezzara, au même moment, donne un exemple comparable – non pas d’une simple survivance, mais bien d’une apothéose artistique, là encore largement après 1900.
La Grande Guerre qui éclate en 1914 sera un événement capital pour le pays et pour la carrière d'Hector Guimard. Les commandes se raréfient, et le style Guimard qui a
Le castel Henriette à Sèvres, avant sa démolition en 1969
Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, Adeline Guimard revient une dernière fois en France pour régler les affaires de son mari et proposer aux autorités concernées de transformer l’hôtel de l’avenue Mozart en musée Guimard. La promotion immobilière qui caractérise l’époque des Trente Glorieuses s’avère catastrophique pour le patrimoine guimardien. Près de la moitié de son héritage bâti disparaissant au total : villa La Surprise en 1944, hôtel Nozal en 1957, hôtel Roy vers 1960, ateliers Guimard vers 1960, pavillon du métro Bastille en 1962, Castel Henriette en 1969, etc. Aujourd'hui, l'oeuvre de Guimard, chef de file de l'Art Nouveau, est mondialement reconnue. La rupture architecturale avec les styles haussmannien et |
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Le saviez-vous ?
Réaliser l'unité de l'art et de la vie, tel était l'objectif déclaré de l'Art nouveau qui estime qu’il faut un cadre de vie qui correspond aux exigences de l’homme moderne du début du xxe siècle.
Tabouret imaginé par Guimard pour
Les artistes vont créer des formes originales, inédites, inventer un vocabulaire nouveau tout en tenant compte de la possibilité de les reproduire industriellement. C'est dans cette optique que les anciens matériaux comme le bois, la pierre ont été élégamment mariés avec les nouveaux comme l'acier, le verre. Pour chacun d'eux, des artistes ont poussé leurs recherches à l'extrême pour en tirer le meilleur. C'est ainsi que les pâtes de verres multicouches, les rampes d'escalier à entrelacs de ferronneries, les meubles aux ondulations de bois ont permis de mettre l'art à disposition de tous pour un coût abordable tout en gardant une volonté d'innovation formelle, inspirée de la nature. Cet art est tout de même lié à de nombreux mécènes et se propage dans un premier temps dans un milieu élitiste bourgeois. Les clients sont nombreux pour les vases Gallé dans les milieux mondains parisiens entre 1896-99. Mais très vite le succès populaire, notamment dans le domaine de l’affiche, en fait quelque chose qui manque de classe et l’Art nouveau sera assez vite assimilé à l’émergence des classes moyennes. |
Le saviez-vous?
Lors de la création des premières lignes du métro, un concours pour la réalisation d'édicules d'accès aux stations est lancé en 1899 par la Compagnie du chemin de fer Les dirigeants de la compagnie rejettent les projets retenus dans le cadre du concours d'architecte, les jugeant trop classiques. Celui de Jean Camille Formigé est en revanche approuvé par la compagnie mais est rejeté par la Ville de Paris, dont il était pourtant l'architecte. Il se charge en revanche de l'architecture des stations aériennes. C'est le président de la CMP, Adrien Bénard, qui propose un architecte de l'Art nouveau : Hector Guimard. Bien que n'ayant pas concouru, il dessine deux types d'entrées, des édicules et de simples entourages. Composés de fonte moulurée, les éléments sont modulables et permettent de réaliser des édicules de dimensions variables. On compte jusque 167 ouvrages de Guimard en 1913, les derniers ayant été installés sur la boucle d'Auteuil de la ligne 10.
Dès 1904, pour l'accès aux grandes stations situées devant des monuments comme l'Opéra ou la Madeleine, la CMP fait réaliser des entourages plus classiques en pierre de taille par l'architecte Cassien-Bernard. Le style Guimard très chargé passe vite de mode dès les années 1900, et plusieurs architectes sont ensuite chargés de réaliser des balustrades en fer forgé d'un style plus simple et sobre. Ces nouveaux entourages portent un plan du réseau, qui est également ajouté aux anciens entourages Guimard. Les édicules Guimard sont parfois démolis, jusqu'à leur protection dans les années 1960-1970. Il n'en existe plus aujourd'hui que 86 répartis sur 66 stations. Les grands édicules d'accès ne sont que treize, les entourages simples étant très majoritaires. Les plus imposants étaient situés à Étoile et à Bastille sous la forme de sortes de « pavillon chinois » ou « pagode » de grandes dimensions, symbolisant la première ligne du métropolitain.
La station de métro Pasteur, à l'époque de la CMP
Les entourages classiques font largement appel à la symbolique florale, et font apparaître la lettre « M » sur les cartouches des principaux accès. Sur une plaque de lave émaillée dans un typographie de style art nouveau créée par Guimard, le mot « Métropolitain » est porté par deux longues tiges, dites « brins de muguet ». D'une forme évoquant la lentille du physicien Augustin Fresnel, les globes lumineux orange, dits « holophanes » (du nom de leur fabricant, la société Holophane aux Andelys), sont ajoutés à partir de 1930. Le verre original a été remplacé par des globes en polycarbonate, seul l'exemplaire de Montréal conservant le verre d'origine. Dans le cadre du programme Renouveau du métro, l'éclairagiste Benoît Lalloz repense le réflecteur intérieur pour réorienter les flux lumineux. |
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