Auteur : Philippe | Année : 1853 |
HAUSSMANN
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Une carrière vouée au service public Né en 1809, d'origine alsacienne et protestante, Georges Eugène Haussmann devint clerc de notaire, puis entreprend des études de droit et devint avocat.
Le baron Haussmann
L'empereur soutint les idées modernistes du préfet Haussmann, qu'il partageait entièrement, le fit baron, et le nomma préfet de la Seine en 1853. La modernisation de Paris, un plan bien conçu et avant-gardiste, mais qui s'essoufla. Influencés par le saint-simonisme, Napoléon III et des ingénieurs comme Michel Chevalier ou des entrepreneurs comme les frères Pereire, croient au volontarisme économique, qui peut transformer la société et résorber la pauvreté. Mais le système trouva peu à peu ses limites. Aérer, unifier, embellir.
Faire de Paris la capitale la plus moderne du monde, ce sera l'oeuvre de sa vie. Napoléon III
Enfin, en 1853, l'empereur avait le souvenir encore frais des révolutions et des émeutes qui avaient ensanglanté Paris, et qui avaient mis à bas deux gouvernements. Paris doit à Haussmann une grande part de sa physionomie actuelle. Homme énergique, il s'attacha à la réalisation de son plan, inspiré des désirs de l'empereur. Napoléon III poursuivait aussi d'autres buts: diminuer le chômage et faciliter la ciculation des hommes et des marchandises. Tout ceci cadrait parfaitement avec la décision d'entreprendre les grands travaux haussmanniens. Les chantiers du Grand Paris d'Haussmann durèrent de 1853 à 1870, c'est à dire jusqu'à la fin du Second Empire. La IIIème République qui lui succéda poursuivit les travaux, quoiqu'avec moins de talent, et sut souvent s'en attribuer la paternité... Les grands travaux d'Haussmann Sous l'administration d'Haussmann, Paris devient un gigantesque chantier. Les vieux quartiers ouvriers sont rasés et reconstruits. Souvent, leurs habitants sont contraints de les abandonner, ne pouvant plus faire face à l'élévation des loyers. On dégage les abords des principaux monuments du centre-ville: Louvre, Notre-Dame, Palais de Justice, Arc de Triomphe, etc...
Haussmann fait aussi tracer le les Grands boulevards, le boulevard St Germain, l'avenue de l'Opéra, etc...
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On construit des hôpitaux: Lariboisière, Ste Anne. Mais aussi des églises (la Trinité, St Augustin, Ste Cécile, etc...), des théâtres (l'Opéra de Paris et le théâtre du Châtelet), On rase les anciennes Halles centrales, installées deouis le 13è siècle.
Les halles Baltard sous le Second Empire Mais ce n'est pas tout. On construisit également la Préfecture de Police, des casernes, des gares: du Nord, de l'Est, Montparnasse, de Lyon, on agrandit la gare St Lazare et celle d'Austerlitz, et on créa la ligne de Petite Ceinture. On améliora la circulation entre les deux berges de la Seine, par la création de deux ponts: le pont de l'Alma et celui de Solférino.
Travaux de percement du boulevard St Germain
Une oeuvre de salubrité et d'hygiène publiques En dehors de ces bouleversements, toujours présents, Napoléon III et Haussmann s'attachèrent à réaliser des travaux tout aussi cruciaux pour le bien-être des parisiens, bien que moins visibles. On creusa le sol parisien pour répandre dans la capitale les bienfaits de l'eau, du gaz et des égouts. En 1852, l’eau potable vient principalement de l’Ourcq. Des machines à vapeur extraient aussi l’eau de la Seine, dont l’hygiène est déplorable. Haussmann confie à l’ingénieur Belgrand la réalisation d’un nouveau système d’alimentation en eau de la capitale, qui aboutira à la construction de 600 kilomètres d’aqueducs entre 1865 et 1900. Le premier, celui de la Dhuis, ramène une eau captée près de Château-Thierry. Ces aqueducs déversent leur eau dans des réservoirs situés à l’intérieur de la capitale. À l’intérieur de la capitale et à côté du parc Montsouris, Belgrand érige alors le plus grand réservoir d’eau du monde pour recevoir l’eau de la Vanne, le réservoir de Montsouris. Un second réseau, consacré à l’eau non potable, continue à puiser l’eau de l’Ourcq et de la Seine, utilisée pour le nettoyage de la voirie et l’arrosage des espaces verts. Les réservoirs de Montsouris L’évacuation des eaux usées et des déchets va de pair avec l’adduction d’eau potable. Ici encore, c’est le Second Empire qui donne l’impulsion décisive à la modernisation du réseau des égouts de Paris. La loi de 1852 impose le raccordement des immeubles à l’égout lorsque la rue en comporte un. Les rues qui n’en ont pas vont bénéficier de l’installation d’un réseau d’égout entièrement visitable : plus de 340 kilomètres d’égouts sont construits sous la direction de Belgrand entre 1854 et 1870. Le réseau est unitaire : les eaux de pluie coulent par la même galerie que les eaux usées. Les égouts ne se déversent plus dans la Seine en plein Paris mais loin en aval, à Asnières. Pour y parvenir, un siphon inversé installé sous le pont de l'Alma permet aux canalisations de la rive gauche de faire passer leurs eaux sur la rive droite. Ces deux réseaux, étendus et perfectionnés au cours des époques suivantes, sont toujours en place aujourd'hui. Napoléon III réorganise aussi la distribution du gaz dans Paris. En 1850, il confie une concession à une compagnie unique, la Compagnie parisienne du gaz, tout en conservant la maîtrise des prix. La consommation de gaz d'éclairage, sous-produit de la transformation (polluante) de houille en coke, et qui avait fait son apparition à Paris sous la monarchie de Juillet, augmente de façon importante. Exemple de mobilier urbain haussmannien Dans le même temps, Haussmann confie à Davioud la mise au point d’un mobilier urbain encore largement présent de nos jours sur les trottoirs et dans les jardins de la capitale. Le Grand Paris de Napoléon III. L'annexion des villages en 1860. Le Baron Haussmann était soucieux des embouteillages de voitures et de cavaliers qui affluaient chaque jour vers le Bois de Boulogne et songea dès 1856 à annexer des terrains de Passy et Neuilly pour agrandir la place de l'Étoile et déplacer l'octroi vers la porte Maillot. Napoléon III, quant à lui, rêvait d'un « Grand Paris » qui engloberait l'ensemble du département de la Seine ainsi que les communes de Meudon et Sèvres. Il créa une commission, présidée par le Comte Henri Siméon, dont le rapport préfigura les aménagements de la capitale et son agrandissement. La construction de l'enceinte de Thiers, quelques années plus tôt, avait engendré une situation particulière, certaines communes étant coupées en deux par le mur. En outre, le Ministre de l'intérieur, Delangle, arguait que les territoires compris entre l'enceinte de Thiers et le mur des Fermiers généraux ne devaient leur prospérité qu'à la ville de Paris. En 1859, un projet visant à attribuer les numéros d'arrondissements de gauche à droite et de haut en bas sur la carte a été abandonné, car il conduisait à attribuer à l'actuel 16e arrondissement le numéro 13, perçu comme péjoratif : l'expression « se marier à la mairie du 13e arrondissement » (c'est-à-dire, avant 1860, dans un arrondissement qui n'existait pas) signifiait « vivre en concubinage », donc hors des bonnes conventions, ce qui ne convenait pas à certains habitants influents de l'ouest de Paris, en particulier à ceux de Passy. Jean-Frédéric Possoz, maire de Passy, proposa de numéroter les arrondissements en suivant une spirale partant du centre de Paris, le numéro 13 étant désormais attribué aux quartiers plus populaires du sud-est de Paris. Le 1er janvier 1860, en application de la loi du 16 juin 1859, les faubourgs de Paris situés au-delà de l'ancien mur des Fermiers généraux jusqu'à l'enceinte de Thiers furent annexés, ce qui conduisit au redécoupage complet des arrondissements. Vingt arrondissements furent créés, sur des limites totalement nouvelles, et le numérotage en spirale fut institué. Les communes annexées en 1860 Vingt-quatre communes furent concernées par l'extension. Quatre de ces communes furent supprimées et leurs territoires entièrement absorbés par Paris, où leurs noms servirent à désigner des quartiers. Sur les vingt qui, de fait, étaient coupées en deux par l'enceinte de Thiers, la loi en supprima sept, en répartissant les territoires entre Paris et les communes voisines. Les treize autres communes furent amputées de la partie de leur territoire située à l'intérieur de l'enceinte mais conservent leur nom. • Paris absorbe quatre communes entières : Belleville, Grenelle, Vaugirard et La Villette. • sept autres communes sont partagées avec d'autres communes : Auteuil, Batignolles-Monceau, Bercy, La Chapelle, Charonne, Montmartre et Passy. • enfin, douze communes sont partiellement annexées : Aubervilliers, Bagnolet, quartier de Glacière et de Maison-Blanche (Gentilly), quartier de Javel (Issy), quartier de la Gare (Ivry), quartier du Petit-Montrouge (Montrouge), quartier des Ternes (Neuilly), Pantin, le Pré-Saint-Gervais, Saint-Mandé (Vincennes), Saint-Ouen et Vanves. |
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Le saviez-vous ? Eugène Belgrand On lui doit les égouts de Paris, l'aqueduc de la Vanne, dont l'ouvrage le plus remarquable marque la frontière entre les communes d'Arcueil et de Cachan, celui de la Dhuis, ainsi que le réservoir de Montsouris qui en stocke les eaux. Belgrand a aussi fait œuvre en tant qu'historien de Paris, rendant ainsi hommage à ses prédécesseurs fontainiers de la capitale tels que Salomon de Caus et les constructeurs de la Samaritaine du Pont-Neuf. Il est inhumé au cimetière du Montparnasse dans la 6e division. Jean-Charles Alphand Après avoir commencé des études au petit séminaire du Rondeau à Grenoble, Alphand s'installe à Paris pour étudier au lycée Charlemagne. Il entre en 1835 à l'École polytechnique, et en 1837 à l'École des ponts et chaussées. En 1853, il est appelé par le baron Haussmann comme ingénieur en chef au service des promenades et dès lors participe aux transformations de Paris sous le Second Empire en compagnie de son confrère Eugène Belgrand et du jardinier Jean-Pierre Barillet-Deschamps. Il y crée des promenades, des parcs et des jardins destinés à embellir et assainir Paris. Il remodèle également les bois de Vincennes et de Boulogne. À la destitution du baron Haussmann, le 5 janvier 1870, il reste en poste et à la chute du Second Empire, il est maintenu directeur des travaux de Paris. Jean-Charles Alphand a notamment aménagé : à Paris : - des fortifications de Paris et des forts avancés, Il est conseiller général du Canton de Coutras (Gironde). Il est inhumé au cimetière du Père-Lachaise à Paris où sa tombe est toujours visible, division 66. Jean-Pierre Barillet-Deschamps Fils d'un ouvrier jardinier, devient en 1841 « moniteur » de jardinage, formé à l’école des contremaîtres de « La Paternelle », première colonie agricole et pénitentiaire fondée à Mettray, près de Tours, en 1839. Il fonde ensuite un établissement horticole à Bordeaux. Appelé à Paris par Haussmann, il est placé sous l'autorité des ingénieurs Jean-Charles Alphand et Eugène Belgrand, avec le titre (dont il sera le premier titulaire) de « Jardinier en chef du Service des Promenades et Plantations de la Ville de Paris ».
De gauche à droite: Alphand, Barillet-Deschamps, Belgrand
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L'immeuble haussmannien
La façade Obligatoirement en pierre de taille, les façades d’immeubles d’un même îlot doivent avoir la même hauteur. L’étage noble Le 2ème étage est l’étage noble des immeubles haussmanniens. Réservés aux familles les plus riches, il devait leur éviter d’avoir trop de marches à grimper. Rappelons que l’ascenseur ne date que de 1870. Balcon systématique, une hauteur sous plafond la plus importante, riches ornements au niveau de la façade: c’était clairement le plus cosy. Un plan d’appartements classique Le plan intérieur typique d’un appartement haussmannien est constitué de pièces en enfilade au niveau de la façade avec un salon, et une salle à manger. Les pièces d’eau donnent plutôt côté cour intérieure. Le dernier étage pour les domestiques Si le rez-de-chaussée était fait pour accueillir des boutiques et le 1er étage (ou entresol) pour loger leurs gérants, le 6è et dernier étage était réservé aux domestiques, d’où le nom de « chambre de bonne ».
Offenbach est né en Allemagne d’un père musicien, cantor d’une synagogue, qui adopte le nom de sa ville d’origine, Offenbach-am-Main, en vertu d’un décret napoléonien. Très tôt, Jacob Offenbach se montre particulièrement doué pour le violoncelle, ce qui décide son père à l’envoyer étudier à Paris. Offenbach entre au Conservatoire en vue de devenir soliste, mais son comportement dissipé l’en fait exclure au bout d’un an. Grâce à son talent, il se produit tout de même en concert après avoir francisé son prénom puis intègre l’orchestre de l’Opéra-Comique dans lequel il joue en parallèle de sa propre carrière.
Jacques Offenbach Il se fait connaître grâce à des mélodies légères, et devient directeur musical de la Comédie française en 1847. Huit ans plus tard, il décide d’ouvrir son théâtre afin d’y produire ses œuvres : la salle des Bouffes-Parisiens, inaugurée en 1855. C’est là qu’est créé avec succès le premier opéra-bouffe d’Offenbach, Orphée aux Enfers (1858). Ses opéras suivants (La Grande-Duchesse de Gérolstein, La Vie parisienne, Les Brigands) sont tout aussi bien accueillis. Attentif au goût du public, Offenbach se tourne ensuite vers l’opéra-bouffe-féérie (Le Roi Carotte) puis vers l’opéra patriotique (La Fille du Tambour-Major). Offenbach meurt quelques mois avant la première de l’opéra qui lui apportera la reconnaissance à laquelle il aspirait tant, Les Contes d’Hoffmann – l’un des opéras français les plus joués de nos jours. On me nomme Hélène la blonde, Nous naissons toutes soucieuses Ah, malheureuses que nous sommes! |
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