01/0001 Où se trouve l'Eglise St Germain l'Auxerrois?


Lorsque vous lui faites face, le campanile central est flanqué de deux bâtiments fort semblables. L'église est à droite. A gauche, c'est la Mairie du 1er arrondissement. Vous en aurez la confirmation en observant le drapeau tricolore à son balcon. Paroisse du Louvre, paroisse du Roi, l'église St Germain l'Auxerrois est intimement associée à l'histoire de France. C'est sa cloche qui donna le signal du massacre de la St Barthélémy, le 24 août 1572, et c'est sous grandes orgues que fut assassiné Concini, le favori de Marie de Médicis, le 24 avril 1617. Enseveli à la hâte, il fut exhumé par la foule, qui le mit en pièces.

01/0002 Que signifient les lettres gravées sur les façades du Louvre?

Sachez reconnaître les monogrammes des maîtres d'oeuvre du Louvre.
Regardez bien les façades; si vous trouvez un H et un C entrelacés, ils nous rappellent au bon souvenir d'Henri II et Catherine de Médicis. Et lorsque ceux ci (le H et le C) sont accolés de telle manière que l'on peut lire un D, il s'agit de Diane de Poitiers, la maîtresse du roi. Clin d'oeil de l'Histoire...
Des K entrelacés sont le monogramme de Charles IX.
Pour HDB, pensez à Henri de Bourbon, c'est à dire Henri IV.
H et G tendrement entrelacés: Henri IV et Gabrielle d'Estrées, sa maîtresse. Ce n'est pas pour rien qu'on l'appelait le Vert Galant...
Avançons un peu dans le temps: un L ou la lettre lambda se rapportent à Louis XIII.
Un A et un L sont la marque de Louis XIII et de son épouse, la reine Anne d'Autriche.
LLMT entrelacés sont les monogrammes de Louis XIV et de la reine Marie-Thérèse d'Autriche, son épouse.
Un N rappelle Napoléon 1er, et deux L dos à dos, Louis XVIII.  
L et N entrelacés signifient Louis Napoléon (le futur Napoléon III), et N encadré par deux E correspondent à Napoléon III et son épouse l'Impératrice Eugénie de Montijo.
Pour finir, si vous trouvez quelques R (par exemple sur une cheminée du pavillon de Marsan), nul Raoul, Robert ou René, mais c'est la République qui a usurpé l'Histoire, en s'attribuant la construction de bâtiments auxquels elle n'avait nullement contribué.

01/0003 Qui est représenté en haut de la colonne Vendôme?

C'est Napoléon 1er. Mais l'histoire de cette statue fut presque aussi mouvementée que celle de son illustre modèle. Elle fut érigée pour la première fois en 1810, et coulée dans le bronze de 1200 canons pris aux Russes et aux Autrichiens à Austerlitz, le 2 décembre 1805. Elle sera fondue, lors de la Première Restauration, en 1814. Rétablie sous une autre forme par Louis-Philippe en 1833, elle sera de nouveau changée par Napoléon III, puis abattue par les Communards, en 1871, sous les ordres du peintre Gustave Courbet. Elle fut rétablie sous sa forme actuelle en 1875, aux frais du peintre.

01/0004 Que peut-on observer d'insolite à la Conciergerie?

Sur un des piliers, on remarque que le niveau de la crue de 1910 a été indiqué. Mais ce n'est pas tout. On y trouve surtout des souvenirs sinistres de la Révolution. Ainsi, l'escalier par lequel les condamnés accédaient à la charrette qui les emmenait à la mort. Et aussi les cellules des condamnés, ainsi que la liste morbide de tous les malheureux qui furent décapités par la Veuve.


 

01/0005 Et sur l'église St Roch?


Rue St Honoré, sur la façade de l'église St Roch, on peut encore voir les impacts des balles des insurgés royalistes, réprimés en 1795 par Bonaparte. Pour la petite histoire, il s'était rallié aux royalistes, plus rémunérateurs, mais négocia ferme avec les Conventionnels un poste important en cas de victoire contre les insurgés. En effet, récent vainqueur du siège de Toulon face aux Anglais, il avait acquis toute la confiance des Révolutionnaires, en mal de victoires. Il régla l'affaire, après avoir réglé celle de Suzanne, une petite ouvrière avec qui il avait prévu de passer la soirée à l'Opéra Comique. Après avoir laissé 500 morts sur le pavé, l'insurrection royaliste était bel et bien anéantie, et le Général Vendémiaire, nouveau surnom de Bonaparte le héros-sauveur-de-la-Patrie, avait acquis une renommée qui ne devait jamais décliner, même après sa mort, en 1821...

01/0006 D'où la rue de l'Arbre Sec tire t-elle son nom?

Pour une fois, il ne s'agit pas d'une enseigne, mais d'un gibet qui s'y dressait. Au n°4 se situe l'Hôtel des Mousquetaires, où habita D'Artagnan. A l'angle de la rue de l'Arbre Sec et de la rue de Rivoli s'élevait l'Hôtel de Ponthieu, dans lequel fut assassiné l'Amiral de Coligny, pendant la nuit de la St Barthélémy. Bon, une autre version (une légende ?) répandue dans le quartier parle d'une enseigne aujourd'hui disparue, qui représentait un arbre égyptien toujours vert, qui serait devenu sec à la mort du Christ. Puisque l'on est dans cette rue, j'en profite pour signaler la mort semble t-il par hasard (mais on parla d'empoisonnement), à l'hôtel de Sourdis, au n°21 de la rue, de Gabrielle d'Estrées, maîtresse d'Henri IV. Elle était enceinte de son troisième enfant; le Vert Galant pleura longtemps sa dame de coeur...

01/0007 Qui était Milord l'Arsouille?

Au 5, rue de Beaujolais, un cabaret porte le nom de Milord l'Arsouille. C'était le nom d'un excentrique célèbre au 19ème siècle, bon vivant, qui distribuait généreusement ses millions, et s'entourait d'une cour d'amis qui profitaient abondamment de ses prébendes.

01/0008 Une bien curieuse tradition...

A l'angle de la rue de la Cossonnerie et de la rue Pierre Lescot existait en 1550 une maison à l'enseigne de "La truie qui file". A l'époque de la mi-carême, des groupes de jeunes gens se réunissaient devant la maison pour boire et chanter. Un jeune garçon et une jeune fille étaient alors choisis par les participants, et hissés sur leurs épaules à hauteur de l'enseigne. Ils devaient alors embrasser la truie, puis se cracher au visage., car ce jour-là, seule la truie devait être honorée. Si par malheur le garçon et la fille s'embrassaient, ils étaient déculottés et fouettés devant toute l'assemblée.

01/0009 L'assassinat du Vert-Galant

Le 14 mai 1610, rue de la Ferronnerie, vers 15 heures, le bon roi Henri, "le Vert galant", se promène dans Paris. La rue tient son nom des marchands de fer, autorisés par St Louis à s'installer ici et à dresser leurs inventaires près du Charnier des Innocents. Les sondages n'existent pas à l'époque, mais le roi de France n'hésite pas à se mêler aux Parisiens pour connaître l'état de l'opinion publique à son égard.  Deux charrettes s'étant heurtées à cet endroit, les serviteurs du roi se précipitèrent pour porter assistance aux blessés. C'est ce moment, pendant lequel le roi était sans surveillance, que Ravaillac, un géant roux, profite de l'attroupement pour poignarder Henri IV à deux reprises. Celui-ci meurt presque instantanément. Clin d'oeil de l'histoire, la boutique devant laquelle eut lieu l'assassinat s'appelait "Le coeur couronné, percé d'une flèche". Etonnant non ? 

C'est donc sa femme, Marie de Médicis, qui devient instantanément régente du royaume. 
Curieusement, elle a été sacrée reine...la veille ! Alors, simple hasard de l'Histoire, ou complot ? Quand on connaît l'ambition démesurée des Médicis, on peut légitimement émettre un doute sur l'acte isolé d'un fou. Ravaillac porte bien le chapeau...
Ah, un dernier détail: le dossier de cette affaire brûla entièrement huit ans plus tard. Nul ne pourra jamais expliquer le mobile du geste de Ravaillac. Hasard, hasard, comme tu fais bien les choses...

01/0010 Une conspiration évitée de justesse

21, rue de la Grande Truanderie (la bien-nommée...) fut arrêté Gracchus Babeuf, un célèbre conspirateur, qui projetait de supprimer les membres du Directoire, et d'exécuter pas moins de 30 000 personnes, brûler des bâtiments publics, piller des boutiques et des magasins. Le premier anarchiste ?


 

01/0011 La vérité sur le cimetière des Innocents

Square des Innocents, l'église, fondée vers 1130, abritait une fosse commune de 6 m de profondeur, où étaient enterrés les cadavres, enveloppés d'un simple linceul. La terre des Innocents passait, en effet, pour excellente: "Elle mange son cadavre en 9 jours". Malgré cette vertu (imaginaire), les cadavres s'amoncelaient et il fallut bientôt construire des galeries à arcades, dont les combles étaient destinés à recevoir les nouveaux corps. Sous ces arcades proliférèrent des boutiques de mode, de lingerie et de mercerie. Malgré l'effroyable odeur, les clients affluaient. Entre les tombes et les tas d'ossements, des écrivains publics officiaient à rédiger de brûlantes lettres d'amour pour 20 sols ou des exploits de procès. Des peintres exposaient leurs oeuvres, et des prostituées se vendaient au plus offrant. Durant les nuits d'hiver, les truands de la Cour des Miracles voisine se réunissaient derrière les sépultures et se chauffaient en brûlant des os dérobés aux charniers. En 1590, la famine fut si terrible à Paris, que les os des charniers furent broyés pour en faire... du pain ! Bon appétit !

01/0012 D'où vient le nom de la Rue de l'Echelle ?

Cette rue tire son nom de l'échelle dressée en ce lieu avant la Révolution. La justice de l'évêque y envoyait, pour être exposés au public, les maris infidèles, les parjures et les profanateurs.

01/0013 Pourquoi une statue de Janne d'Arc rue de Rivoli ?

Cette statue, dressée en cette rue (plus particulièrement place des Pyramides), marque l'endroit où elle fut blessée lors du siège de Paris en 1429.

01/0014 La Dame aux Camélias a bien existé

15 boulevard de la Madeleine, dans l'entresol, vécut Alphonsine Plessis, qui servit de modèle à la Dame aux Camélias. C'est un souvenir romantique de cette époque qui subsiste dans un quartier largement dédié au commerce. 

01/0015 Quelle est l'origine du nom étrange des Magasins de la Samaritaine?

En fait, c'était le nom d'une pompe située sous la 2ème arche du Pont-Neuf, qui avait été construite dès le début du 17è siècle. Elle était destinée à alimenter en eau les Parisiens, de plus en plus nombreux. En cela, elle rappelle l'anecdote de la Samaritaine qui offrit de l'eau au Christ, pour le désaltérer sur son chemin de croix.
Sur le Pont-Neuf s'installa un bonimenteur, qui vendait ses marchandises dans un grand parapluie rouge.
Il fera fortune, et fondera les Magasins de la Samaritaine en 1870, alors modeste petit commerce.
Il s'appelait Ernest Cognacq. Il épousera en 1872 Marie-Louise Jay. A eux deux, ils développèrent leur petit commerce, tant et si bien qu'ils achetèrent les immeubles attenants. Véritables philanthropes, ils octroyèrent à leurs employés, bien avant l'heure, des avantages sociaux très en avance pour l'époque: un système de retraites, des logements à prix réduits, etc...
Pour la petite histoire, l'architecte Frantz Jourdain, qui construisit le magasin, conseilla Emile Zola pour la partie descriptive du "Bonheur des Dames".

01/0016 Une colonne qui était aussi un bien étrange observatoire...

Au coeur du 1er arrondissement, rue de Viarmes, tout près de l'église St Eustache, se dresse une étrange colonne. Première colonne isolée érigée dans la ville à la fin du 16è siècle, elle suscita la curiosité de ses contemporains et la légende raconte que le bâtiment serait protégé par des forces occultes... A l'origine, elle faisait partie intégrante de l'hôtel de la Reine, une somptueuse demeure dont Marie de Médicis confia la construction à l'architecte Jean Bullant. Elle fut élevée de 1574 à 1584. Mais pourquoi venir s'établir ici, alors que le château des Tuileries était en cours de réalisation? Il semble que tout soit parti d'une prédiction de l'astrologue de la reine, le Florentin Cosme Ruggieri. Ce dernier avait annoncé à la régente qu'elle allait mourir "à l'ombre de St Germain". Très superstitieuse, Catherine de Médicis décida donc de quitter les Tuileries, qui dépendaient de la paroisse de St Germain l'Auxerrois, pour rejoindre celle de St Eustache.
La reine demeura 14 ans dans son superbe hôtel particulier, avant de s'éteindre à Blois, le 5 janvier 1589, confessée par un prêtre dénommé Julien...de St Germain ! La destination de cette colonne a soulevé de nombreuses interrogations. Il est probable qu'elle ait servi d'observatoire aux astrologues de Catherine de Médicis. En revanche, la présence au sommet du chapiteau, de cercles et de demi-cercles en fer entrelacés de façon à former une sorte de cage, reste pour l'instant inexpliquée.



01/0017 Le premier amour de l'Empereur

A l'emplacement du 33 rue Vauvilliers (aujourd'hui disparu), se trouvait un hôtel meublé, l'hôtel de Cherbourg. Un beau jour d'octobre 1787,  un petit lieutenant d'artillerie s'y installa. Comme il avait des loisirs, il allait souvent se promener dans les jardins du Palais-Royal, et ce qui devait arriver...arriva. Une petite nantaise fut sa première conquête. Ce ne fut pas la dernière. Ce petit lieutenant, que ses camarades d'école s'amusaient à appeler "La paille au nez", en raison de son terrible accent corse, était promis à un bel avenir. Des conquêtes, Napoleone ("la paille au nez", prononcé à la façon corse) Buonaparte en en fit des dizaines, et pas seulement parmi les femmes...


01/0018 Un souvenir du passé

27 rue de la Sourdrière,  une poulie surplombe la rue, rappelant que pour s'occuper des chevaux, il fallait monter (ou descendre) la paille et le foin au grenier. C'est l'une des rares lucarnes à poulie intacte de Paris.

01/0019 Le manège des grands chevaux

Au 19è siècle, il y avait des manèges à Paris. Mais pas seulement des manèges de petits chevaux de bois. Non, non, je parle de véritables manèges. N'oublions pas qu'à cette époque, on se déplaçait à pied...ou à cheval! Alors, on prenait fréquemment des cours d'équitation. Et l'un de ces fameux manèges se situait 12, rue Duphot, tout près de la Madeleine. La grande bourgeoisie parisienne aimait y suivre des cours, mais le manège dut fermer ses portes à l'aube de la Grande Guerre, en 1914. La voiture automobile prenait le pas sur le cheval, et puis, le ciel s'assombrissait et se chargeait de gros nuages noirs. La guerre avec l'Allemagne de Guillaume II était dans tous les esprits. On achève bien les chevaux...

01/0020 Le temps passe...

Il y a environ 120 cadrans solaires sur les façades des immeubles parisiens. L'un des plus célèbres, 14, quai des Orfèvres, sur une des façades du Palais de Justice, est orné d'un bas-relief, sous lequel on peut lire: "Hora fugit stat jus", c'est à dire "Le temps passe, la justice demeure".

01/0021 Une fontaine baladeuse


La Fontaine des Innocents, oeuvre Renaissance de Pierre Lescot et Jean Goujon, fut érigée entre 1546 et 1549. Autrefois adossée au cimetière des Innocents, à l'angle des rues St Denis et Berger actuelles.
Elle fut déplacée au centre de la place Joachim du Bellay au 18è siècle, quand le cimetière fut supprimé.

01/0022 La première poste de Paris

Auparavant, le service des postes n'acheminait les courriers que vers la Province ou l'étranger. Les plis destinés à Paris intra muros étaient acheminés par les domestiques. Il fallut attendre le début du 18è siècle et l'initiative privée d'un philanthrope, Piarron de Chamousset, pour que la Petite Poste de Paris vit le jour.
On peut encore la voir au 3, rue des Déchargeurs. Elle fonctionna de manière indépendante, puis fut incorporée au Bureau Général des Postes en 1780.

01/0023 Le pont aux pleurs

La première pierre du Pont Neuf a été posée le 31 mai 1578. Ce jour-là, les Parisiens présents remarquèrent que le roi Henri III avait les yeux rougis par les pleurs. En effet, celui-ci, habillé de noir, venait de perdre la veille en duel trois de ses "mignons"...Ce qui fit dire aux Parisiens qu'au lieu d'appeler ce pont "le Pont Neuf", il eût mieux valu l'appeler le Pont aux Pleurs.
Plus tard, les bateleurs de toute sorte envahirent le pont. Parmi eux, un dénommé Brioché, possédait un petit singe: Fagotin, qui mimait des duels avec les badauds. Un jour, le singe mit son épée sous le nez...de Cyrano de Bergerac! Celui-ci, distrait, se crut attaqué, tira son épée, et embrocha le singe!
Brioché demanda un dédommagement à Cyrano, en compensation de la mort de son gagne-pain. Celui-ci proposa de payer en...poèmes, et Brioché dut accepter cet étrange paiement!

01/0024 La malédiction des rois

Dans le square du Vert Galant, près du Pont Neuf, vous découvrirez une plaque qui rappelle le souvenir et l'endroit où furent brûlés vifs en 1314 Jacques de Molay, Grand Maître de l'ordre des Templiers, et trois de ses disciples. Le roi Philippe le Bel, ayant un impérieux besoin d'argent, et désirant casser la puissance croissante des Templiers, les fait accuser de sorcellerie, et en profita pour confisquer leurs biens. Avant de mourir, Jacques de Molay aurait lancé cette malédiction: "Roi Philippe, sois maudit, toi et tous tes descendants, avant un an tu paraîtras devant le tribunal de Dieu!".
Quelques mois plus tard, le roi, qui se portait pourtant comme un charme, était mort.
Nul n'a pu expliquer la cause de son décès soudain.



01/0025 Une pirouette, et hop ! Au pilori !

A l'angle de la rue Pierre Lescot et de la rue Rambuteau, se trouvait la rue Pirouette. C'est là que se situait le Pilori du Roi. Le mot pilori vient du fait que le premier appareil de ce type était situé près du puits d'un bourgeois nommé Lori (le puits-Lori). Le pilori était une tour de maçonnerie, avec à son sommet une roue horizontale en fer, sur laquelle étaient attachés jusqu'à 6 condamnés! Parmi les crimes punis du pilori: commerçants utilisant de faux poids, faux témoins et...femmes adultères. La roue effectuait un tour entier en deux heures; officiellement, on ne pouvait jeter aux malheureux(ses) que de la boue ou des ordures, mais pas d'objets contondants ou de pierres. L'histoire ne dit pas combien de condamnés furent tués par des projectiles "oubliés" dans une motte de boue, ou dans des sacs d'ordures.
La mémoire de la rue Pirouette est perpétuée au niveau -2 du Forum des Halles, où une allée s'appelle Pirouette.

01/0026 Une église qui ne fut jamais terminée

L'église St Eustache (dédiée à un saint martyrisé à Rome au 1er siècle) a été commencée sous François Ier, en 1532. Si elle semble étrange, c'est qu'elle n'est pas finie ! Elle est gothique dans son transept et ses arcs-boutants, mais Renaissance dans son décor de pilastres sur les murs extérieurs. C'est l'une des plus grandes églises de Paris (105m de long). Les obsèques de La Fontaine y furent célébrées. Colbert, entre autres célébrités, y est inhumé, dans la chapelle St Louis de Gonzague.

01/0027 La rue sans fin

La rue de Viarmes était surnommée, au Moyen-Age, la "rue Eternelle". Pour une bonne raison: elle n'avait ni commencement, ni fin, étant de forme...circulaire ! C'est d'ailleurs la seule dans ce cas à Paris (d'autres étant semi-circulaires).

01//0028 Quand les charcutiers étaient amateurs de belle architecture...

La Galerie Véro-Dodat, qui donne 19 rue Jean Jacques Rousseau, a été construite en 1826, en plein engouement des Parisiens pour les passages couverts. Ancêtres de nos modernes galeries commerciales, ils étaient particulièrement appréciés, car les rues de Paris, très embouteillées, étaient, en cas d'intempéries,  boueuses et dangereuses. On y glissait souvent, et les robes des élégantes de l'époque n'y résistaient pas.
On y trouvait aussi des commerces à la mode, des cafés, des marchands de frivolités, de bonbons, etc...
Les Compagnies de diligences dans le quartier amenaient une quantité de voyageurs, qui firent son succès.
Ce passage en particulier fut financé par deux charcutiers, Messieurs Véro et Dodat, qui avaient fait fortune (c'est bien normal, après tout), dans le cochon. Ce qui fit dire à leurs contemporains que la galerie "fut construite à coups de cervelas et de saucisson". Groinnnk !

01/0029 Un Palais Royal très très très agité

C'est le Cardinal de Richelieu qui se fit construire le Palais Cardinal, devenu plus tard Palais Royal. Le cousin de Louis XVI, Philippe d'Orléans (le futur Philippe Egalité, qui, par son vote condamna Louis XVI à la guillotine, car son sort n'avait été scellé que par une seule voix de majorité), qui avait besoin d'argent, fit construire des galeries à arcades en bois, pour louer les emplacements à des commerces. En fait de commerces, elles attirèrent aussitôt presque toutes les prostituées de Paris (jusqu'à 400 !), et les tripots de jeux clandestins s'y multiplièrent. Les galeries de bois furent remplacées par des voûtes en pierre quelques années plus tard. C'est sous ces voûtes qu'un jeune général corse plein d'avenir, un dénommé Bonaparte, fit sa première conquête. La première d'une longue série...C'est aussi là, que Camille Desmoulins, le 12 juillet 1789, harangua la foule, monté sur une chaise. Deux jours plus tard, c'est la prise de la Bastille, et le début d'une terrible et fantastique aventure. La Révolution Française... Enfin, c'est au n°177 Galerie de Valois, à la Coutellerie Badin, qu'une jeune royaliste, Charlotte Corday, acheta le couteau avec lequel elle assassina Marat, dans sa baignoire où il soignait une douloureuse maladie de peau. Après la chute de l'Empire, les vainqueurs qui avaient besoin de se distraire, Blücher en tête, passèrent des nuits entières dans les salles de jeux. Ils laissèrent sur le tapis vert plus d'argent que ce que la France eut à payer comme indemnités de guerre à l'époque !. Comme quoi, parfois, le vainqueur n'est pas forcément celui à qui l'on pense...

01/0030 Le fantôme du Louvre a bien existé

Non, ce n'est pas Belphégor !
Un peu d'histoire: rêvé par Henri IV, ce furent tous les souverains successifs, jusqu'à Napoléon III qui ont donné au Louvre son aspect actuel. Les Tuileries, qui étaient reliées au Louvre, furent incendiées par les Communards en 1871, et la IIIè République fit raser ce qui restait. Tout ? Oui, sauf une légende (?).
Celle de l'Homme Rouge des Tuileries. C'était le fantôme de Jean l'Ecorcheur, qui vivait à l'époque de Marie de Médicis. Sur l'emplacement d'une fabrique de tuiles (d'où le nom de Tuileries), Catherine de Médicis décida  de se faire construire une résidence hors Paris. Là, travaillait dans son abattoir Jean l'Ecorcheur. Il surprit des secrets de la reine mère, et fut assassiné pour cela par un dénommé De Neuville. Avant de mourir, Jean s'écria: "Je reviendrai". Il tint vite parole. Un jour, De Neuville, sentant une présence dans son dos, dégaine et voit Jean: il lui assène un coup d'épée, dans le vide. Affolé,il court chez la reine lui rapporter l'incident: elle ne fit qu'en rire. Mais quelques jours plus tard, son astrologue, Ruggieri, lui assura avoir vu devant lui un brouillard rouge se former, et un homme apparaître, lui dire qu'il connaissait les secrets des Tuileries et le sort en général funeste de ses occupants. La reine, cette fois fut troublée, et comme elle se retirait, elle cria: "L'homme rouge!" lorsqu'elle vit le fantôme apparaître. Jusqu'au 18è siècle on n'en entendra plus parler. Marie-Antoinette sera la prochaine à apercevoir l'Homme Rouge. Elle en sortit bouleversée. Quelques jours avant Waterloo, Napoléon Ier le rencontra également. Après la chute de l'Empire, Louis XVIII, sur son lit de mort, admit avoir rencontré l'Homme Rouge. Les derniers à avoir vu le spectre furent les Communards, lors de l'incendie des Tuileries en 1871. Alors ? Légende ou réalité ? Comment tant de personnages, si différents, et à travers les siècles, ont-ils pu se tromper ? Hallucination collective étalée sur 3 siècles ? Ou bien...



01/0031 Un Palais qui mérite son nom, à plus d'un titre

Le Palais de Justice est en fait un empilement de bâtiments, de siècles très différents. Il se trouve à l'emplacement même du premier château des rois de France. Ainsi, les fils de Clovis y résidèrent, et plus tard le célèbre Dagobert (de 629 à 639).  Sur la gauche de l'entrée du monument, vous trouverez l'accès à la Sainte Chapelle, église commandée par Saint Louis (1226-1270). C'est Philippe le Bel qui décida d'agrandir le bâtiment, en 1298, pour abriter (déjà) ses services administratifs et judiciaires.

01/0032 Un testament philosophique

L'église St Germain l'Auxerrois, qui était la paroisse des rois de France, recèle un petit secret. A l'intérieur , sur le sixième pilier à droite, on peut lire le texte suivant: "Dans cette église, suivant le voeu de Willette réalisé par Pierre Regnault, les artistes de Paris en union avec leurs camarades du monde entier, viennent depuis le mercredi des Cendres de l'an 1926 recevoir les cendres et prier pour ceux d'entre eux qui doivent mourir dans l'année." Adolphe Willette, peintre et dessinateur fantaisiste, est notamment connu pour avoir décoré le cabaret "Le Chat Noir", à Montmartre.

01/0033 Quand le ragoût de mouton a un goût...particulier

8, rue des Halles, tout à côté de la rue de Rivoli et du forum des Halles, se trouve un magasin unique à Paris. Il s'agit de la maison Aurouze, spécialisée depuis des décennies dans la dératisation (pas étonnant dans ce quartier!) et l'extermination des parasites (blattes, insectes nuisibles, rongeurs...). Dans sa vitrine, en guise de décoration, vous serez étonné d'y trouver...des rats empaillés, pendus par les pattes! Outre le fait qu'il s'agit, après tout, de la meilleure publicité qui soit pour son activité, ces cadavres de rongeurs nous rappellent qu'il n'y a pas si longtemps, pendant le siège de Paris par les Prussiens, en 1870, les Parisiens affamés dévoraient tout ce qu'ils pouvaient: les animaux du zoo de Vincennes, mais aussi les rats qui pullulaient dans ce quartier. Ils étaient vendus par les bouchers bien achalandés entre 1 franc et 1,50 franc pièce. Pour allécher les clients, certains n'hésitaient pas à vanter leur marchandise en affichant des panneaux rédigés avec humour, reconnaissons le: "Rat goût de mouton"...

01/0034 Tête de lard !

Dans le même quartier des Halles, deux rues au nom très proche, mais n'ayant aucun point en commun.
La rue au Lard, disparue depuis, rappelle la présence de nombreux bouchers et charcutiers dans le quartier, avant le déménagement à Rungis.Une autre rue, située à proximité mais dans le 4è arrondissement, est la rue Pierre au Lard. Rien à voir, puisqu'il s'agit de la déformation, au fil du temps, du nom d'un certain Pierre Oilart, un bourgeois du 13è siècle, qui demeurait en ces lieux.

01/0035 Des rats bien mystérieux

La seule "boule aux rats" de Paris se trouve dans l'église St Germain l'Auxerrois. Mais qu'est ce qu'une boule aux rats? En réalité, et c'est le plus étonnant, la signification de cette petite sculpture, qui fait office de console pour supporter une gargouille (en l'occurence la seconde du flanc nord de l'église), nous est encore inconnue. Le plus étrange, c'est que dans les autres "boules aux rats" répertoriées (à Corbeil-Essonnes, au Mans, à Toulouse, aux Ponts de Cé, à Carpentras et à Champeaux), les rongeurs entrent dans ce qui représente la Terre. A St Germain l'Auxerrois, ils en sortent! De plus, la Terre n'est pas surmontée d'une croix, à l'inverse des autres sites. Parmi les explications proposées: il s'agirait d'une parabole rappelant que le monde catholique était dévoré par les hérésies, la Réforme étant contemporaine de leur construction.



01/0036 Le poisson qui n'est pas là par hasard

A la hauteur du 1, rue Montmartre, sur l'un des flancs de l'église St Eustache, on a gravé un poisson. Que fait-il à cet endroit ? Eh bien, rappelez vous que nous sommes dans le quartier des Halles, où l'on ne traitait pas que la viande, les fruits, les légumes et les fleurs! Les poissons, aussi, qui étaient livrés en moins d'une nuit par des voituriers par la rue St Denis toute proche. C'était la route directe des maréyeurs depuis les pêcheries de la Mer du Nord. Plus au nord de Paris, la porte et la rue des Poissonniers nous en rappellent le souvenir. Quant à elle, la rue Montorgueil était surnommée "la rue aux huîtres"; je vous laisse deviner pourquoi.
Mais la présence de ce poisson a une histoire. La corporation des poissonniers, on l'a vu, exerçait son activité, tout comme les autres, dans le quartier. Lorsqu'on décida de construire l'église St Eustache, au 16è siècle, on ne lésina pas sur le projet. Elle était considérée comme la plus belle de Paris, et donc, la plus coûteuse. Tous les dons étaient les bienvenus. Or, un poissonnier était endetté auprès d'un créancier astucieux. Ce dernier lui proposa un singulier mode de remboursement: "Je te propose de me donner à vie 10 pour cent par hareng que tu vendras". Le poissonnier accepta l'offre, et vendit tellement de harengs qu'il fit la fortune de son créancier. Celui-ci, conscient d'avoir acquis sa fortune d'une façon "pas très catholique", eut des remords et devint l'un des bienfaiteurs de St Eustache. Voilà pourquoi l'on trouve un petit poisson gravé sur l'un des murs de l'église St Eustache !

01/0037 Un restaurant qui a souvent changé d'étiquette

Au Palais-Royal, la galerie de Beaujolais abrite le Grand Véfour. En dehors de sa réputation (justifiée), c'est le seul restaurant qui date de la création des galeries (1784). Il a conservé ses décors Directoire pleins de charme. Ce fut d'abord un café royaliste, qui devint vite un célèbre restaurant, attirant le Tout-Paris: Murat, le Duc d'Orléans, le Duc de Berry, Lamartine, Ste Beuve, Thiers, etc...
Non loin de là, au Véry, le peintre Fragonard, qui habitait rue de Beaujolais, fut frappé d'apoplexie en mangeant un sorbet en 1806.

01/0038 La pyramide inversée

Si la grande pyramide symbolise l'entrée du Louvre, à l'air libre, sa soeurette inversée est en quelque sorte l'accès troglodyte emprunté par les touristes. Elle porte bien son nom, puisque sa pointe touche presque le sol. Avec sa pointe à 1m40 du sol, la pyramide ne peut échapper à votre champ de vision, sorte de périscope cristallin dans lequel la lumière, les images et les ombres ricochent en un diorama incendié. Pour bien en apprécier l'effet kaleidoscopique, rendez-vous une heure avant le coucher du soleil.

01/0039 Les colonnes de la discorde

Dans la cour du Palais-Royal, vous trouverez les colonnes de Buren. Si l'endroit a toujours suscité la passion (des prostituées qui peuplaient le site et Camille Desmoulins y prononça, debout sur une chaise, un célèbre discours en juillet 1789, qui déclencha la prise de la Bastille), cette initiative du Ministre de la Culture Jack Lang avait de quoi choquer les contemporains. S'il est vrai que le parc hébergeait un parking de voitures jusqu'en 1986, cette création architecturale est surtout réputée parmi les Parisiens pour permettre à nos compagnons à quatre pattes de lever la patte...

01/0040 La croix du bon St Eloi

Si les Mérovingiens n'apportèrent qu'un seul progrès (et c'est loin d'être le cas), c'est sans doute l'orfèvrerie.
Ainsi, le Grand orfèvre Eloi, fut maître de la monnaie sous Clothaire II, trésorier de Dagobert, puis de Clovis II. Il devint évêque de Noyon en 641. Il fit notammer fabriquer une croix de 2 mètres de haut, commandée par Dagobert, en or serti de pierres précieuses, qui fit partie du trésor de la basilique de St Denis durant tout l'Ancien Régime. Elle fut, hélas, fondue à la Révolution. Il n'en reste qu'un fragment au Cabinet des médailles, 58 rue de Richelieu. Liberté, que de crimes on commet en ton nom !



01/0041 Une chapelle qui n'a pas de prix

La Sainte Chapelle, vous connaissez sans doute. Située au 4 boulevard du Palais, elle fut construite sur l'ordre du très pieux Louis IX, appelé aussi Saint Louis. Jusque là, rien de particulier...
Mais  voici son histoire, plutôt étonnante: de passage en France en 1237, l'empereur franc de Constantinople Beaudoin de Courtenay propose à Saint Louis de lui vendre, pour l'énorme somme pour l'époque de 35 000 livres, la plus précieuse relique de la Passion du Christ, la couronne d'épines.
En 1241, de nouveau désargenté, Beaudoin propose à son riche et crédule client un morceau de la Vraie Croix, les clous ayant servi à l'y fixer, du sang de Jésus, la Sainte Lance, la Sainte Eponge, un morceau du Saint Suaire, et un fragment du manteau de pourpre dont le Christ avait été affublé par dérision. Dépensant sans compter, Saint Louis entreprit de faire construire une chapelle reliquaire, destinée à recueillir ces trésors. Il fallait bien un superbe écrin pour abriter ces saintes reliques.
Menés sans relâche, les travaux sont achevés en 1248. La chapelle haute abrite les reliques, et c'est là que se retire le roi pour y faire ses dévotions. Elle est aussi utilisée une fois par an par le Parlement, pour la messe de rentrée de novembre.
La chapelle basse est réservée au personnel du Palais. Haut lieu de la dynastie capétienne, la Sainte Chapelle fut, bien évidemment, la cible des révolutionnaires. Ils détruisirent les sculptures des portails de la façade occidentale, mais épargnèrent curieusement les statues des apôtres de la chapelle haute. Remords ?

01/0042 Un Louvre méconnu

L'entresol et l'étage de la Grande Galerie du Louvre restèrent longtemps vides. C'est pourtant là que, quatre fois par an, se déroula jusqu'à Charles X, la cérémonie des écrouelles. Le futur Louis XIII, alors dauphin, y jouait et y fit même courir un chameau qu'on lui avait offert! Henri IV y exerçait ses chiens et y organisa même une chasse au renard. Après ces considérations animalières, en 1609, le Bon Roi Henri y installa en 1609 des logements et des ateliers pour les artistes et les artisans qu'il employait. Il leur accorda également un statut spécial, qui leur permettait d'échapper aux contraintes des corporations.

01/0043 Le palais maudit

Il ne reste du magnifique château commencé par Philibert de l'Orme pour Catherine de Médicis au lieu-dit Les Tuileries qu'un vaste jardin, les pavillons de Flore et de Marsan, ainsi que des vestiges dispersés dans l'Europe entière. Louis XV puis Louis XVI habitèrent les Tuileries. Les troubles révolutionnaires y culminèrent avec la mise à sac du château par les émeutiers, le 10 août 1792. Les Gardes Suisses qui le gardaient y furent massacrés, la famille royale fut enlevée et transférée à la prison du Temple.
En juillet 1830, le peuple en colère envahit de nouveau les Tuileries, et en chasse Charles X. Puis, le 24 février 1848, nouvelle révolution: Louis-Philippe doit s'en échapper par un passage souterrain. Enfin, le 28 mars 1871, les insurgés de la Commune l'incendient.
En décidant en 1882, de raser les Tuileries, la République voulut exorciser tout autant l'émeute populaire (on ne sait jamais...), le divorce entre les Parisiens et le pouvoir, et aussi les fastes monarchiques.

01/0044 Un coup de canne fatal

L'Hôtel de Jean-Baptiste Lully, le célèbre compositeur de ballets sous Louis XIV, se situe 45 rue des Petits Champs et 47 rue Ste Anne. Très apprécié de Louis XIV, Lully collabore avec Molière à des comédies-ballets, tel le "Bourgeois gentilhomme". Lors d'une représentation, l'Ambassadeur d'Angleterre à Paris trouva l'un de ses menuets tellement charmant qu'il décida d'en faire l'hymne de la Perfide Albion.
C'est le "God save the queen" que nous connaissons toujours aujourd'hui. Merci qui ?
Le conte de fées se termina tragiquement puisque Lully, lors d'une représentation de son Te Deum, se perfora le pied avec sa canne, en rythmant la cadence à l'orchestre. L'infection, mal soignée, l'emporta en 1687.

01/0045 Une église au destin mouvementé

L'église Notre-Dame de l'Assomption, 263 rue St Honoré, a une histoire très mouvementée; tout d'abord, le projet ne correspond pas du tout aux plans de l'architecte. En effet, Charles Errard, peintre et architecte de l"Académie de France à Rome envoie les plans de cette église depuis la Ville éternelle, où il réside, à l'entrepreneur Chéret, chargé de la construction. Mais celui-ci ne devait pas apprécier l'esthétique de l'église, car il n'en fit qu'à sa tête. Le portique à colonnes corinthiennes se trouve alors écrasé par un énorme dôme. A tel point que les Parisiens ne tardent pas à le surnommer "le sot dôme". Toujours ce goût pour les jeux de mots. De plus, Chéret "oublie" la nef et le transept...
A la Révolution, les religieuses qui y résident sont dispersées. Le couvent, qui s'étendait jusqu'au jardin des Tuileries, est transformé en caserne, puis vendu comme bien national, et détruit sous l'Empire.  L'église, convertie en magasin de décors de théâtre, devient paroisse jusqu'à la construction de la Madeleine en 1840. Depuis 1850, elle est dédiée aux Polonais de Paris.

01/0046 La place des Piques

C'est l'autre nom qui fut donné à la place Vendôme, à la Révolution.
Le 8 août 1792, menées par la pasionaria Théroigne de Méricourt, des femmes massacrent à coups de sabre neuf prisonniers royalistes, avant de promener leurs têtes au bout de piques... Ironie de l'Histoire, lorsqu'on abattit la statue royale de Louis XIV, qui trônait au milieu de la place, celle-ci écrasa une vendeuse de "L'ami du peuple", le journal de Marat.
Seul le pied de Louis XIV, qui pèse tout de même 150 kilos, a été récupéré, et il se trouve actuellement au Musée Carnavalet.



01/0047 Un espion un peu particulier

C'est au 34 rue des Bourdonnais que vécut Léon Pajot. Ce nom ne vous dit sans doute pas grand chose, mais sachez qu'il était Contrôleur général des Postes de Louis XIV. Le roi soleil, qui craignait les complots, fit appel à ses talents pour le tenir informé de tout ce qui se passait dans le royaume. Notre homme était bien placé pour espionner: il ouvrait tout simplement les lettres "suspectes" !  Ce qui lui permit, accessoirement, de bénéficier des largesses du monarque, et de faire fortune !

01/0048 L'hôtel aux étoiles

Le créateur de l'hôtel Meurice, Augustin Meurice, exerçait la profession de maître de poste; il eut l'idée d'associer l'hébergement des voyageurs à son activité principale, d'abord à Calais, puis à Paris. Il s'établit au 228 rue de Rivoli en 1835. La proximité des Tuileries et la Cour y attirèrent toutes les têtes couronnées. Les rois de Danemark, de Grèce, des archiducs, mais aussi le sultan de Zanzibar et le maharadjah de Jaipur. Durant la Seconde Guerre Mondiale, le Meurice fut réquisitionné par l'état-major allemand, sous les ordres du général Von Choltitz, qui capitula en août 1944, en ayant désobéi à Hitler, qui lui ordonnait de faire sauter Paris et ses monuments (Paris brûle t-il ?). Après la guerre, l'un de ses clients les plus assidus fut Salvador Dali. Le maître laissa un excellent souvenir (et de généreux pourboires) au personnel, en dépit de certaines excentricités, comme par exemple la transformation de sa suite en square parisien, ou les coups de pistolet tirés à blanc sur un troupeau de chèvres amené dans les couloirs de l'hôtel. Depuis, le Meurice a retrouvé sa sérénité...

01/0049 Animaux en cage

C'est au Moyen-Age que remonte la tradition animalière du quai de la Mégisserie. Situé près de la place de Grève (place de l'Hôtel de Ville), où étaient déchargées les marchandises destinées aux Halles de Paris toutes proches, les animaux y étaient dépecés (où les ouvriers les faisaient mégir, c'est à dire en les tannant avec une préparation à base d'alun, d'où le nom de mégisserie). Le traitement de ces peaux était réservé à la ganterie et à la pelleterie. C'est cette tradition qui est maintenue, puisque la graineterie animalière Vilmorin fut fondée en 1775.  La création de Clause-jardin, spécialisée dans la vente de graines, bulbes, végétaux et petit outillage d'horticulture, remonte à 1794. Les autres magasins animaliers datent des années 1920, 30 et 50.
Les oiseliers du quai de la Mégisserie aiment raconter une anecdote: en mai 1906, le prix des perroquets a enregistré une hausse vertigineuse. Cette flambée avait une explication fort simple: l'un de ces volatiles, gardien vigilant de l'appartement de ses maîtres, avait mis en fuite des cambrioleurs en criant: "Au voleur !".

01/0050 Le puits d'amour

A l'intersection des rues de la Grande et de la Petite Truanderie, au carrefour d'Ariane, se trouvait le Puits d'Amour. Sous Philippe Auguste, la belle Agnès, de chagrin s'était jetée dans le puits. Ce lieu devint pèlerinage pour tous les amoureux et, en 1525, alors que François 1er à Pavie perdait tout fors l'honneur, un amant éconduit se jeta à son tour dans le puits. Sa maîtresse, se sentant coupable, vint lui tendre une corde. C'est lui qui fit graver sur la margelle: "L'amour me refait, en 1525 tout à fait...". Autour de ce puits, "palace" de l'époque, on y dansait lascivement, on y chantait, on y aimait. Mais le puits se tarit sous Louis XIV. Restèrent la Grande et la Petite Truanderie.

01/0051 Danse macabre sur les murs

Sous les charniers du cimetière des Saints Innocents avait été peinte, en 1425, une immense fresque: "La danse macabre", qui fut détruite au 17è siècle; des personnages de tous âges et de toutes naissances sont entraînés par la mort vers leur future et dernière demeure. Une maxime se chargeait de rappeler aux étourdis que la vie n'est qu'un passage éphémère sur la terre.: "Rien n'est d'hommequi bien y pense, c'est tout vent, chose transitoire."

01/0052 Le jardin des Tuileries, espace festif

Le jardin des Tuileries, grâce à sa proximité avec l'ancien château, détruit pendant la Commune de 1871, avait une vocation à accueillir les festivités royales. La première fut donnée par Catherine de Médicis, pour rendre hommage aux ambassadeurs de Pologne venus proposer la couronne de leur pays au futur Henri III. Puis, le 1er décembre 1783, un évènement incroyable s'y déroula, et suscita la passion des Parisiens: Nicolas Charles et Nicolas Louis tentèrent une ascension dans les airs, à l'aide d'un ballon gonflé à l'hydrogène. Malgré l'entrée payante, la foule fut considérable. L'atterrissage eut lieu avec succès à 30km au nod de Paris, aux environs de l'Isle Adam. Pendant la Révolution, Robespierre fut le héros de la Fête de l'Etre Suprême, le 20 prairial de l'an II (8 juin 1794).Il y fit un discours retentissant dans lequel il fustigeait l'athéisme et prêchait l'immortalité de l'âme comme vertu républicaine ! Pour sa part, Napoléon 1er célébrait dans le jardin des Tuileries ses victoires, sa fête, la St Napoléon (le 15 août), et l'anniversaire de son sacre, le 2 décembre 1804. Mais l'évènement le plus fastueux fut sans conteste son mariage avec la future impératrice Marie-Louise d'Autriche. Plus tard, son neveu, Napoléon III, y inaugura l'Exposition Universelle  le 10 juin 1867. Enfin, plus près de nous, la première et à ce jour la seule grande fête républicaine (en dehors de la Révolution) qui fut organisée en ce lieu fut le célèbre banquet des maires. Le 20 septembre 1900, 22 000 maires de France y participèrent. Les tables s'étendaient sur 7 km ! On y servit, entre autres: 2 430 faisans, 1 800 canards, 2 400kg de filet de boeuf, 2 500 poulardes... A l'issue du banquet, le Président Emile Loubet prononça un discours de réconciliation nationale.

01/0053 Quand le Musée du Louvre fut-il créé?

En fait, l'idée d'un musée regroupant les oeuvres d'art accumulées par l 'Etat naquit au 17è siècle.Mais c'est grâce au comte d'Angivilliers, Directeur des Bâtiments du Roi, que le projet vit...presque le jour. Louis XVI souhaitait que les collections royales fussent exposées au peuple. L'idée prenait corps et faillit aboutir, mais le processus fut interrompu par la Révolution. Il fallut attendre une période plus sereine pour que le projet aboutisse enfin. C'est donc sous le Directoire que le Musée fut officiellement créé. Les oeuvres d'art "empruntées" aux pays conquis pendant les guerres révolutionnaires ("retirées" des églises, des couvents, des palais et des châteaux), ainsi que l'impressionnant butin des campagnes d'Italie, s'ajoutèrent aux anciennes collections. Et c'est en juillet 1798 qu'un immense cortège transféra toutes ces collections du Champ de Mars...au Louvre.

01/0054 Une encre bien...sympathique

Au n°115 rue St Honoré, existe encore de nos jours (à l'heure où j'écris ces lignes) une pharmacie (on disait un apothicaire à l'époque), qui vend toutes sortes de produits chimiques, y compris l'encre sympathique dont se servait Axel de Fersen pour écrire à Marie-Antoinette, reine de France...

01/0055 Gardez vos oreilles

A l'angle de la rue de l'Arbre Sec et de la rue St Honoré, la fontaine du Trahoir fut reconstruite en 1776 par Soufflot, qui copia une oeuvre de Jean Goujon.  Ici débuta la Fronde, le 26 août 1648. la révolte des princes contre Mazarin et la régente, Anne d"Autriche. Au Moyen-Âge s'élevait une potence où étaient exécutés publiquement par le bourreau de l'évêque de Paris les voleurs et les coquins. Certaines peines comme "l'essorillement" étaient réservées aux serviteurs indélicats. Cela consistait à leur couper les oreilles. Ce qui faisait dire, à Paris, que posséder deux oreilles était un bon certificat pour être embauché. Deux gamins qui devinrent célèbres ont joué sur cette place, et sans doute assisté aux supplices: Cyrano de Bergerac (né rue des Prouvaires, toute proche, et non à Bergerac) et Molière.

01/0056 Le juge et la guenon

Un tel titre ferait penser à une fable de La Fontaine, ou à une chanson de Brassens. Eh bien, non, figurez-vous qu'au 12 place Dauphine vivait, au 17è siècle, un juge qui s'était fait traiter "de vieux singe" par une plaignante. Le verdict fut rendu en faveur de la plaignante, ce qui entraîna la réponse du juge "Voyez, Madame, un vieux singe peut être encore utile à une vieille guenon". Cette plaisanterie fit le tour de la place et même du quartier pendant des générations.

01/0057 L'arbre du 1er mai

Lorsque vous sortez de la Sainte Chapelle, vous vous trouvez dans la cour du Palais de Justice, celle qu'on appelle "Cour de mai". Ce nom provient d'un arbre des forêts royales que les clercs plantaient le 1er mai.
Toute ressemblance avec le muguet serait purement fortuite...

 


 

01/0058 Un château, ou un théâtre ?

Pendant des siècles s'élevait, à la place du Théâtre du Châtelet actuel...une véritable forteresse ! C'est d'ailleurs l'origine de son nom. Construite à la fin du premier millénaire, elle fut renforcée par Philippe le Bel, et en 1190 devint le siège du prévôt de Paris. Avec ses deux grosses tours, on l'appelait le Grand Châtelet, par opposition au Petit Châtelet, élevé sur l'autre rive de la Seine, à l'emplacement de l'actuelle fontaine St Michel. Peu à peu, la forteresse perdit son caractère militaire pour devenir le siège de la Prévôté. On y jugeait en première instance les causes civiles et criminelles. On y exposait aussi les corps des noyés et des personnes décédées sur la voie publique. Les derniers bâtiments furent détruits pour percer le boulevard de Sébastopol.

01/0059 Un quai odorant

Le quai de la Mégisserie regroupe les oiseleurs et marchands d'animaux de tout poil et de toute écaille de la capitale. Son nom vient des mégissiers, qui travaillaient la peau. Souvenons-nous que nous n'étions qu'à quelques dizaines de mètres des Halles de Paris. Là étaient dépecés les animaux destinés à la boucherie. Leurs peaux étaient traitées par les mégissiers, qui les lavaient dans la Seine.
Pour mémoire, après avoir abrité des mégissiers pendant plus de cinq siècles,  il s'appela un temps (pendant le Second Empire) quai de la Ferraille, en raison des nombreux ferrailleurs qui y travaillaient.
Les berges attiraient aussi les bateaux-lavoirs et les lavandières. La rue des Lavandières Ste Opportune, à quelques mètres du Châtelet, en rappelle le souvenir.

01/0060 Gavroche est mort ici

Gavroche, l'archétype du gamin de Paris immortalisé par Victor Hugo dans les Misérables, an eu pour modèle un adolescent qui aurait trouvé la mort dans un café de la rue Mondétour, aujourd'hui disparu. Pendant les émeutes du 6 juin 1832, une balle perdue lui ôta la vie.

01/0061 Le coin de la rue

En 1833, rue des Bons Enfants, s'ouvrit un magasin de nouveautés: "Le coin de la rue". Le concept était novateur pour l'époque, c'était en fait l'ancêtre des Grands Magasins. Une des vendeuses, Louise Jay, devait épouser Ernest Cognacq, et fonder avec lui...La Samaritaine.

01/0062 On a volé le canon !

Dans les jardins du Palais-Royal, une petite statue cachait un canon. Depuis 1786, il sonnait à midi,, grâce à un système de loupe convergeant vers une mèche. Au 20è siècle, cet ingénieux système avait été remplacé par la main de l'homme. Un gardien mettait à feu le canon de la façon la plus pacifique qui soit, chaque jour à midi. Sur le bronze de son fût, on avait gravé "Hora non numero nisi serenas" (Je ne compte que des heures sereines), ce qui ne fut vérifié que pendant 3 ans. La Révolution Française naîtra en effet dans ces jardins... Epilogue de l'histoire du petit canon: il fut volé en 1998. Plus personne ne sonne midi depuis, dans les jardins du Palais-Royal...

01/0063 Il ne faut jamais narguer un Français...

Dans la galerie de Beaujolais, se trouve le café Véry, au numéro 86. Remontons quelques siècles en arrière. Nous sommes en 1814, après la première abdication de Napoléon 1er. Le café était devenu le rendez-vous des Alliés, et officiers autrichiens, russes, anglais et prussiens venaient souvent s'y retrouver. On dit que Blücher, grand ennemi de l'Empereur, y perdit un jour au jeu un million et demi de l'époque...Mais l'anecdote la plus pittoresque est sans doute celle-ci: un duel eut lieu après qu'un officier prussien eut commandé "un café, dans une tasse dans laquelle un Français n'avait jamais bu !" On le lui servit...dans un pot de chambre !

01/0064 Une galerie pleine de curiosités

La galerie de Montpensier présente la particularité d'avoir abrité au n°4, le café Corazza, cèlèbre pour son chocolat. C'était le rendez-vous des Jacobins, à la fin de la Révolution, avec un habitué nommé...Bonaparte. Au n°17, l'ancêtre du Musée Grévin, "Le Cabinet des figures de cire", disparu en 1847. Au n° 32, "Le Temple du Goût", où les officiels achetaient leurs chapeaux, au milieu du 19è siècle; Au n°44, "Le Cabinet de physique et de mécanique", sorte de cabinet d'attractions et de curiosités. Au n°54, l'Italien Castagna, à la fin du 18è siècle, présentait un spectacle de marionnettes, deux fois par jour, "I Fantoccini" Des n°57 à 60, Le Café de Foy, où Camille Desmoulins, le 13 juillet 1789, tint un discours exalté pour exhorter les Parisiens à se manifester, une feuille de marronnier à la main, perché sur une chaise. Au n°65, s'était installé le célèbre glacier Tortoni.

01/0065 La première féministe a mal fini

Si vous passez devant le 270 de la rue St Honoré, vous y verrez une plaque qui rappelle au promeneur le souvenir d'Olympe de Gouges. Ce nom ne vous dit peut-être rien, mais c'était l'égérie des féministes, pendant la Révolution Française. Elle écrivit, en 1791, un essai, "La déclaration des Droits de la femme et de la citoyenne". Elle habita cet immeuble, car elle siégeait à la Constituante. Son courage ne lui porta pourtant pas chance. Elle fut guillotinée en 1793 pour "offense à la souveraineté du peuple". Sans commentaires...

01/0066 L'avenue de l'Empereur

L'avenue de l'Opéra, conçue en 1854 sous le règne de Napoléon III, s'appelait tout naturellement Avenue Napoléon, jusqu'en 1873, date à laquelle la République, qui n'aimait ni les rois ni les empereurs, décida de la rebaptiser. Autre anecdote: il a fallu araser une colline pour percer l'avenue. En effet, la Butte des Moulins, à l'emplacement de l'actuelle place André Malraux (en face de la Comédie Française), empêchait les Parisiens de profiter de la perspective de l'Opéra de Paris. Les moulins qu'elle abritait furent transférés à Montmartre, une autre butte, qui perdure, celle-là. Paradoxalement, l'avenue de l'Opéra ne connut guère de succès jusqu'à la fin du 19è siècle, et ne connut la notoriété qu'à la faveur de l'Exposition Universelle de 1900. Il faut dire que les travaux ne s'achevèrent qu'en 1879.


 

01/0067 Les faux révolutionnaires

Au 18 rue Rambuteau, il y eut, de 1879 à 1887, un café-concert des plus étonnants. En effet, aux Folies-Rambuteau, puisque c'était son nom,  les clients étaient fusillés par les serveurs ! En réalité, le propriétaire des lieux, Joseph Lisbonne, était un poète révolutionnaire, qui installa ici son Théâtre de la Révolution Française, avait imaginé que les serveurs tirent (à blanc...) sur les clients trois coups de pistolet. Un peu d'animation ne nuit pas. Toujours est-il que le caf'conc' dut fermer 8 ans après son ouverture. Par manque de clients ?

01/0068 Les rues disparues

Dans le quartier des Halles, dès le Moyen-Âge, toutes les corporations des métiers de bouche, mais pas seulement, s'étaient installées. En fonction des métiers pratiqués dans telle ou telle rue, on se rendait dans des rues aux noms évocateurs. Ainsi, la rue de la Heaumerie, où étaient fabriqués...les heaumes et les hauberts. La rue de la Hanterie était le lieu de montage des hantes d'armes, c'est à dire des manches et des poignées. Mais ces corporations laissèrent bientôt place aux corporations de bouchers.
Ceux ci s'implantèrent tout naturellement...rue de la Grande Boucherie, dans le quartier St Jacques de la Boucherie. On note aussi une rue de la Tuerie, puis de l'Ecorcherie, une rue de l'Iraigne (nom ancien du croc de boucher), puis une rue de la Vieille Place aux veaux, ainsi qu'une rue du Pied de Boeuf. Les dérivés étaient aussi présent: la rue de la Savonnerie rappelle que les graisses animales servaient à la fabrication du savon, celle de la Coutellerie se passe de commentaires. La rue de la Tannerie a une signification évidente: les peaux des bêtes abattues étaient tannées quai de la Mégisserie pour en faire du cuir (les mégissiers était l'autre nom des tanneurs). Rue de la Tacherie (ou de l'Attacherie) on fabriquait des attaches pour les animaux et rue Baudroyer on confectionnait des semelles et des courroies...en cuir!

01/0069 Les rues disparues (suite)

Mais cette liste n'est pas exhaustive. La rue des Recommanderesses rappelle les femmes dont le rôle était de louer des valets, des chambrières et des nourrices. Un bureau de placement, en quelque sorte. Dans la rue de la Foulerie, le drap était cardé et foulé dans des bains, et étendu sur des poulies, dans la rue du même nom. Dans la rue de la Saulnerie, on faisait le commerçe du sel; Dans celle de la Mortellerie, les maçons gâchaient le mortier. Le nom des rues de la Verrerie (qui existe toujours), de la Charpenterie, des Fuseaux et des Quenouilles se suffisent à eux-mêmes.
Les bêtes étaient conduites à la Seine pour s'abreuver; les ruelles menant au fleuve prirent le nom de rue de l'Abreuvoir Thibault, de l'Abreuvoir Popin, etc... D'autres portaient le nom d'un port et du commerce qu'y s'y pratiquait: la rue du Port au Foin, la rue du Port aux Bûches (qui deviendra rue de la Bûcherie).

01/0070 Le sixième arbre

Dans ce quartier romantique et chargé d'histoire se cache une surprise. Imaginez que vous partez pour une chasse au trésor. Du pont des Arts, côté Louvre, comptez les arbres jusqu'au sixième sur votre gauche en direction de la Concorde. Un artiste inconnu y a dissimulé un témoignage...Dans le noeud de l'arbre, il a ingénieusement réalisé une mosaïque au motif de nef, symbole de Paris. Vous savez, "Fluctuat nec mergitur"...Il fallait y penser.

01/0071 Les Anglais ont envahi Paris !

Oui, c'est vrai, et cela après Waterloo. Quinze années de guerre presque ininterrompue entre la France et l'Angleterre ont interdit toute émigration des deux côtés de la Manche. L'Empereur vaincu à Waterloo, les Anglais se précipitèrent pour envahir, cette fois-ci pacifiquement, notre capitale. Tout d'abord, c'est le faubourg St Antoine qui a leur préférence, mais l'élite britannique lui préfère la rue St Honoré et le quartier du Palais Royal. A l'époque romantique, de nombreux libraires s'installent rue de Rivoli, et certains d'entre eux subsistent encore. Enfin, leurs descendants...

01/0072 Le premier cabinet d’aisance…

…ouvert à Paris le fut au Palais-Royal, à la fin du 18è siècle. Ils se généralisèrent ensuite dans tous les passages couverts, en vogue dans la première moitié du 19è siècle.
Le Jardin des Tuileries, quant à lui, était très prisé pour ses haies d’ifs, qui abritaient facilement les contrevenants…Jusqu’au jour où, l’odeur étant devenue insupportable, et le jardin guère plus fréquenté que par les « habitués », le comte d’Angivilliers fit arracher les ifs. Ceux et celles qui venaient régulièrement s’y soulager n’eurent d’autre recours que de chercher au hasard un cabinet privé, dans une maison inconnue. Il fallut frapper à toutes les portes, dans l’espoir de découvrir une âme charitable. Mais chut ! Ne le répétez à personne !

01/0073 Des aveugles bons-vivants

Dans les galeries du Palais-Royal se trouvait, au début du 19è siècle, le Café des aveugles.  Là, une demi-douzaine d’aveugles de l’Hospice des Quinze-Vingt exécutait sans s’arrêter une musique assourdissante, de six heures du soir à une heure du matin. C’était le rendez-vous de prédilection des prostituées, qui y « chassaient le client ». Au moins, les musiciens ne pouvaient pas les voir, s’ils pouvaient les entendre…

01/0074 Une curieuse hiérarchie

Les galeries du Palais-Royal ont abrité pendant des années une faune qui y trouvait d’autant plus facilement refuge que la police y était interdite d’accès. Donc, badauds de tout poil, militaires en goguette, boursicoteurs,  joueurs impénitents, escrocs et surtout prostituées y pullulaient. On en compta sous le Premier Empire jusqu’à plus de cinq cents qui appâtaient le chaland sous l’œil indifférent des passants !

Elles étaient surnommées les castors ; drôle de nom pour de drôles d’oiseaux. Suivant leurs compétences, elles étaient demi-castor, castor ou castor-fini ! Les allées du jardin et les galeries de Bois étaient le terrain de chasse des demi-castors ; les galeries de pierre étaient celui des castors.

Quant aux plus compétentes, les castors-finis, elles avaient droit à la terrasse du café du Caveau, l’un des endroits les plus courus du Palais.

Pour finir, signalons que leurs surnoms varièrent suivant les lieux et les époques. De castors, elles devinrent hirondelles, hirondelles-femmes, rossignols, panoramistes (dans le passage des Panoramas), puis grisettes et  lorettes. Il n’était pas rare non plus que les patronnes fassent office de proxénètes pour leurs employées… La concurrence était telle que les maisons closes s’en plaignaient auprès des autorités !

01/0075 Autre chose à admirer qu’une tête de cochon…

Dans la galerie Véro-Dodat, construite par les charcutiers Véro et Dodat en 1826, il y avait toutes sortes de commerces raffinés qui attiraient la clientèle fortunée de tout Paris. Ainsi, en 1836, on y trouvait : deux modistes, une boutique de nouveautés, deux libraires, un imprimeur, un parfumeur, un coiffeur, deux bottiers, plusieurs lingères, deux tailleurs, un changeur, une mercerie, un médecin, un pharmacien, un marchand de parapluies, un bijoutier, un chapelier, un cabinet littéraire, un fourreur de voyages, un fabricant de cols, un bimbelotier, un tabletier, une brosserie et un fabricant de corsets. Mais la boutique qui attirait le plus était celle de M Bontoux, le charcutier- traiteur. On s’arrachait ses « timbales » et on se déplaçait du bout de Paris pour en acheter. Certaines mauvaises langues affirment que si les « timbales » de M Bontoux étaient réellement fameuses, la dame du comptoir  de M Bontoux était d’une grande beauté. Cette anecdote fut révélée dans un ouvrage « Les belles femmes de Paris ». A la suite de sa parution, la clientèle masculine décupla.

Certains allèrent même jusqu’à raconter « qu’il y a autre chose à admirer que des têtes de cochon chez M Bontoux».  Ah bon ? Quoi ?


01/0076 Les carpes de St Germain l'Auxerrois

Le chevet de l'église qui donne rue de l'Arbre Sec présente une particularité étonnante. Le pourtour de la chapelle centrale présente une frise sculptée de de tronçons de carpe: tête, corps, et queue ! La raison en est connue. En 1505, un riche drapier, nommé Tronson, avait pris à sa charge les frais d'édification de cette chapelle, à condition que le sculpteur, Jean Solas, exécutât sur les murs quelque chose qui rappellerait sa participation. Tronson avait peut-être compté des poissonniers parmi ses ancêtres. Toujours est-il que Solas sculpta des "tronçons" de carpe tout au long de cette corniche. 

01/0077 L'ancêtre du loto

Au n° 15 rue Bertin Poirée, se trouvait, en 1660, le siège de la Loterie ! Nous n'avons, bien sûr, rien inventé. La loterie fut importée d'Italie en France en 1539. Comme quoi la Renaissance ne nous a pas apporté que des artistes géniaux...A l'époque, elle était appelée "blanque", (billet blanc). On n'y gagnait que des objets. Un blanque fut installée en 1563 dans le cloître de St Germain l'Auxerrois, et son joueur le plus assidu fut le roi de Navarre, le futur Henri IV. En 1660, elle devint nationale, et son promoteur devait payer une redevance pour le fonctionnement de l'Hôpital Général. Elle eut un tel succès que la Loterie de l'Hôpital Général devint en 1700 Loterie Royale. On prélevait alors une sorte d'impôt sur la cupidité. Les lots étaient alors des rentes viagères. Plus tard, des Italiens, dont Casanova, imaginèrent de nouvelles formes de jeu. On inscrivait soi-même à l'avance le numéro que l'on estimait devoir gagner, comme à la roulette. Les bénéfices furent tels qu'ils servirent, en partie, à construire la nouvelle église Ste Geneviève (le futur Panthéon), et même l'Ecole Militaire. Louis XVI concentra toutes les loteries en une seule "La Loterie Royale de France". La Révolution, pourtant si critique et dévastatrice à l'égard de l'Ancien Régime, conserva cette loterie, de même que la Convention, l'Empire et la Restauration. Elle ne fut interdite qu'en 1836, et réapparut comme par magie en 1933 sous le nom de "Loterie Nationale". Le premier gagnant fut un coiffeur parisien;  Toute ressemblance avec des évènements....

01/0078 Il y a morgue et morgue

Le Grand Châtelet était situé à l'emplacement de la place du Châtelet actuelle. C'était un des édifices parisiens les plus sinistres, après le gibet de Montfaucon. Le prévôt de Paris (c'est à dire approximativement le Maire) y siégeait, et c'était le personnage le plus important du royaume après le roi. Il était investi de prérogatives importantes en matière d'attributions administratives, financières et militaires. Dans cette partie du Châtelet se trouvait aussi la Morgue, réduit sale et sordide, où étaient exposés les corps des noyés et ceux des personnes assassinées dans les rues, très nombreuses (une quinzaine par nuit au 18è siècle !). Les Filles Hospitalières de Ste Catherine étaient tenues de laver ces morts, de les couvrir d'un suaire et de les faire inhumer au cimetière des Sts Innocents. Mais ce n'est pas tout. Dans la partie est du Châtelet se trouvaient les prisonniers de droit commun en instance de jugement.  Les personnes écrouées étaient examinées attentivement avec...morgue par la police, c'est à dire avec beaucoup d'attention, afin de pouvoir les reconnaître plus tard, en cas de besoin. Les cellules dans lesquelles ils étaient emprisonnés étaient particulièrement recherchées. Par exemple, l'une d'elles avait la forme d'un entonnoir renversé. La personne qu'on y descendait l'y était à l'aide d'une corde et d'une poulie. Là, elle ne pouvait ni s'assoir ni se coucher. le fond baignant dans l'eau, , ni s'adosser du fait de son inclination.  

01/0079 Un amour plus fort que la mort

Le 15 mars 1831, à l'occasion de la mise à sac de l'Archevêché, rue de la Grande Truanderie, les vandales qui participèrent au pillage jetèrent à la Seine d'innombrables documents, d'une valeur inestimable. C'est ainsi que s'éparpillèrent les archives secrètes des exorcistes du diocèse. parmi les histoires plus étranges les unes que les autres, en voici une que j'ai sélectionnée pour vous.
Agnès Hellebic, se croyant délaissée par son amant, se jeta dans un puits, au carrefour d'Ariane (à l'emplacement actuel de l'angle de la rue Pierre Lescot et de la rue de la Grande Truanderie).
Lorsque le jeune homme apprit le suicide de sa bien-aimée, qui affirmait porter le fruit de leurs amours, tout le voisinage en fut ému. Mais lorsqu'il apprit qu'aucune cérémonie ultime n'avait été prévue,  qu'aucune prière n'avait été envisagée, et que le corps de la défunte serait jeté au charnier des Innocents, tout proche, son sang ne fit qu'un tour. Se rappelant qu'Agnès était d'origine bretonne, il manda un prêtre armoricain. Celui-ci, au vu et au su de tous, bénit le puits fatal et prononça des prières publiques, afin d'attirer sur son âme tourmentée les faveurs de Dieu. Mais les démarches du prêtre n'eurent pas l'effet escompté. Loin d'apaiser l'âme de la malheureuse, elles eurent au contraire pour résultat de matérialiser une forme éthérée, presque charnelle, qui venait hanter les lieux de son suicide. Le fiancé inconsolable revenait régulièrement prier près du puits. Un jour, ou plutôt une nuit, il vit le fantôme d'Isabelle flotter près de lui. Il l'étreignit en silence et fut empli d'une bienheureuse torpeur. Il la revit ainsi plusieurs fois, et puis, plus rien. Elle disparut aussi soudainement qu'elle était apparue. L'amoureux finit par croire qu'il avait été le jouet de son imagination. L'histoire s'arrêterait là, mais...un soir d'orage, il découvrit, soigneusement enveloppés de chiffons posés dans un panier d'osier, deux enfants nouveaux-nés; ne pouvant assurer leur survie, il les confia à des voisins qui les élevèrent comme leurs propres enfants; mais le jeune homme ne sut jamais qui étaient le père et la mère de ces enfants. Et, qui sait si...
Toujours est-il que les bambins grandirent, et selon les exorcistes, leur descendance, quelques siècles plus tard, donna naissance à une nombreuse postérité d'incubes et de succubes (êtres nés de l'accouplement d'un être humain et d'un esprit). Les rats du quartier des Halles en seraient, selon les spécialistes de l'époque, la représentation matérielle, visible des humains. Bon, là, ce n'est pas certain... 

01/0080 Un séjour...raccourci

La rue du Jour ne s'est pas toujours appelée ainsi. En 1370, le roi Charles V s'y fit construire un pied-à-terre. Ce logis champêtre s'appelait "Le séjour du roi". Il n'en fallait pas plus, pour qu'au fil du temps, le nom fut écourté et nous soit parvenu sous cette forme. Au n°5 de cette rue, un teinturier avait baptisé son magasin "Au beau Noir". Les successeurs du teinturier, qui exerçaient pourtant d'autres activités, ont conservé le nom pendant des siècles. 

01/0081 Reine d'un jour

Le passage de la Reine de Hongrie, qui donne dans la rue Montorgueil, a une histoire bien particulière. Créé en 1770, il était habité avant la Révolution par une vendeuse des Halles, Julie Bécheur. Celle-ci vint porter à Marie-Antoinette
une pétition des dames de la Halle. La reine lui fit bon accueil, et trouva que Julie ressemblait à la reine de Hongrie, Marie-Thérèse. Par moquerie, les camarades de de Julie la surnommèrent "La Reine de Hongrie". Mais l'accueil bienveillant de Marie-Antoinette ayant développé chez elle des sentiments loyalistes envers la famille royale, julie fut décapitée sous la Révolution. Elle avait manifesté ses sentiments de manière sans doute trop enflammée pour les criminels qui opéraient sous la Terreur. Fouquier-Tinville pouvait être fier de lui. Une dangereuse conspiratrice éliminée... 

01/0082 Le premier restaurant de Paris

La rue Jean Jacques Rousseau, qui s'appelait rue Plâtrière de 1350 à 1791, abrita en 1765, l'un des premiers restaurants de Parsi. Rappelons-nous qu'auparavant, il n'y avait que des auberges, où l'on n'avait guère le choix en matière de plats. Le restaurant est donc une révolution (si j'ose dire) pour les parisiens du 18è siècle. on y servait, à la carte, des volailes au gros sel, des oeufs frais, et cela sans nappe, sur de petites tables de marbre. Il avait pris pour enseigne ce passage de l'Evangile: " Venite ad me omnes qui stomacho laboratis, et ego vos restaurabo.", dont le dernier mot, inconnu jusqu'alors, était inconnu à l'époque. Il a donné naissance au mot...restaurant.

01/0083 Tout pour les toutous

Vers la fin du Second Empire, dans les années 1860, le Pont-Neuf constituait le carrefour d’élection de toutes sortes de petits métiers. Ainsi, Monsieur et Madame Bisson, qui tenaient leurs assises devant la statue équestre d’Henri IV. Assis sur des chaises, un écriteau les surmontait, qui portait cette inscription : « Bisson et sa femme tondent les chiens, coupent la queue aux chats et et va t-en –ville. » Par tous les temps, ces infatigables barbiers de la race canine survivaient là de leur négoce. Ils arrondissaient leurs fins de mois en vendant chiens et chats, qu’ils abritaient…sous leur chaise, où était aménagée une petite niche. Monsieur Bisson « allait en ville » aussi ; il se rendait au domicile de ses clients pour tondre les toutous de tout poil. Nos amis du Pont-Neuf n’hésitaient pas non plus à donner à leurs compagnons à quatre pattes des cours de natation sous une arche du pont, et en hiver, ils vendaient à des matelassiers la toison des caniches qu’ils avaient tondus. Mais leurs spécialités ne s’arrêtaient pas là… Ils se substituaient volontiers au vétérinaire et pratiquaient même à l’occasion des funérailles pour animaux. Ils en profitaient alors pour écorcher leur « patient », et revendaient sa peau. Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme…

01/0084 Partie de chasse en plein Paris

La place de la Concorde, ex-place Louis XV, fut fortuitement le théâtre, un beau soir d'été de 1788, d’une partie de chasse plutôt inattendue. Le comte d’Artois avait levé une biche dans le Bois de Boulogne. L’animal terrorisé passa l’enceinte de la ville, et , poursuivi par les piquiers et les rabatteurs, arriva essoufflé sur la place. Les belles aristocrates demandèrent, en vain, la grâce de la proie. Sur la statue équestre de Louis XV, qui trônait au centre de la place, un malicieux avait écrit ces quelques vers :

Oh ! La belle statue !
Oh ! Le beau piédestal !
A pied sont les vertus
Et le vice à cheval

01/0085 Prison pour comédiens

Entre le quai de la Mégisserie et l'église St Germain l'Auxerrois se trouvait, avant la Révolution, une prison un peu particulière, qui s'appelait prison du For-l'Evêque. On y enfermait, en effet, les fils de famille débauchés, les comédiens récalcitrants, insolents ou coupables de légèreté, ainsi que les détenus sur lettre de cachet. On y emprisonna, par exemple, le mari de Madame de Montespan, qui vait eu l'audace de réclamer son épouse à Louis XIV, ainsi que le fameux bandit Cartouche, qui s'en évada avant d'être repris et roué vif à quelques mètres de là, en place de Grève, actuelle place de l'Hôtel de Ville.
Et aussi Beaumarchais, qui s'était battu en duel avec un duc  irascible, pour l'amour d'une belle comédienne...Mais le For l'Evêque servit aussi et surtout à punir les comédiens du roi quand ils refusaient de jouer ou se montraient irrespectueux. Il suffisait aussi de s'absenter sans permission pour risquer la prison. Les annales gardent la trace d'un séjour, en 1781, d'une cantatrice. Celle-ci était entrée en scène ivre morte et avait ...vomi son déjeuner à la face d'une figurante qui s'approchait pour l'aider... 



01/0086 Un clown hors piste

Le célèbre duo de clowns Footit et Chocolat fit les grandes heures du Nouveau Cirque, à la fin du 19è siècle. Installé au 249 rue St Honoré, il fonctionna jusqu'en 1926. En 1800, ce fut un hippodrome, puis un cirque "olympique", une église, une salle de concerts puis un bal et enfin une arène nautique!
Quant aux patronymes des deux clowns, ils donnèrent naissance à l'expression: "être chocolat". Il faut dire qu'à l'époque, le mot chocolat désignait à la fois un homme de race noire et le compère qui se laisse volontairement duper pour appâter le public des joueurs de bonneteau.

01/0087 Jacob le moine pillard

L'église St Eustache reçut la visite, en 1520, d'un curieux personnage. Le moine Jacob, parti d'Amiens à la tête d'une "croisade des pastoureaux", envahit les Halles et l'église, fort d'une troupe de cent mille bergers, gens du peuple et brigands ralliés en chemin. Jacob, avec sa robe de bure, sa longue barbe et son viage décharné, criait à qui voulait l'entendre qu'il avait vu la Vierge Marie qui lui avait ordonné de prêcher une nouvelle croisade. Pour cela, il chassa les prêtres de St Eustache, et massacra les récalcitrants. Dans sa tenue de moine, avec ses lieutenants, il  confessait les pénitents, dénouait les mariages, attirait les femmes, enlevait les filles, prélevait les aumônes et pillait les maisons. Les prêtres fuyaient à son approche, ou se barricadaient chez eux. Lorsqu'il eut amassé un confortable "trésor de guerre", Jacob repartit avec ses pastoureaux vers Orléans. Le clergé de St Eustache mit de longs mois avant d'oser excommunier le terrible moine. On ne sait jamais: et s'il revenait?

01/0088 Le spectacle du Palais de Justice

N'y voyez rien d'irrévérencieux. Vous pouvez, tout à fait librement, assister aux jugements de flagrants délits. Renseignez-vous à l'accueil; c'est totalement gratuit.

Mais un tout autre spectacle se déroule certains jours dans cet immense bâtiment. Les Conférences du Stage et Berryer. Il s'agit de joutes oratoires. Ainsi, une fois par mois, des candidats préparent une plaidoirie sur un thème farfelu. Les uns sont contre, les autres sont pour, mais toujours avec beaucoup d'humour. Ces conférences, dont vous trouverez les dates à la Brasserie du Palais, ont largement la qualité des meilleurs cafés-théâtres. Elles se tiennent en général entre 19h30 et 21h.

01/0089 Le trou qui tue

Enfin, pas tout à fait... Gérard de Nerval, vous en avez certainement entendu parler. Poète brillant mais atteint de crises de folie de plus en plus violentes, il fit un séjour au "Château des Brouillards", sur la butte Montmartre. Mais c'est rue de la Vieille Lanterne, aujourd'hui disparue, qu'il se pendit. L'emplacement exact correspond au trou du souffleur du théâtre Sarah Bernhardt, aujourd'hui théâtre de la Ville, sur l'actuelle place du Châtelet. L'affaire se déroula le vendredi 25 janvier 1855.

01/0090 Napoléon caché  

La cour Carrée du Louvre a été commencée sur l’ordre de Henri II, mais c’est sous Louis XIV qu'elle fut achevée. Lorsque vous regardez la façade en vis-à-vis de l'église St Germain l'Auxerrois, observez bien l’avant corps central. Il est surmonté d’un fronton triangulaire orné d’un buste ... de Napoléon 1er!  En effet, lors des modifications apportées à ce bâtiment sous le 1er empire, le buste de Napoléon 1er fut sculpté sur le fronton central. Malheureusement la Restauration nia cet héritage en dissimulant Napoléon sous une perruque Louis XIV, mais très curieusement l’artiste a omis d’enlever les abeilles, emblème impérial, qui figurent sur le bouclier de la vestale qui pose la main sur l'épaule de l'empereur. Et s'il fallait encore vous en convaincre, au dessus du porche, un bas relief sculpté sous le 1er empire, décoré d'aigles impériales, représente le quadrige de la victoire distribuant les couronnes.

01/0091 Quand l'Egypte et l'empire Inca s'invitent au Louvre

On le sait, le culte d'Isis a toujours ses adeptes à Paris. Et c'était déjà le cas il y a plusieurs siècles. Si vous vous placez dans la cour Carrée du Louvre, regardez bien la première façade à droite du Pavillon de l'Horloge. Vous y verrez deux statues étonnantes à cet endroit: la déesse Isis, et une représentation de Manco Capac, premier empereur Inca du Pérou. Il faut dire que ces deux personnages côtoient Moïse et Numa Pompilus, le second empereur de Rome.  Tout cela est bien éclectique, mais a une signification cachée. Sculptées sous le règne de Napoléon 1er, ces statues symbolisent l'Afrique (Isis), l'Europe (Numa), l'Orient (Moïse et l'Amérique (Manco Capac). L'Emperur des Français, non représenté, mais omniprésent dans la symbolique de cette façade, les domine de sa grandeur et en fait des vassaux potentiels. 

01/0092 Discrétion assurée


Au 33 rue Radziwill se trouve un curieux bâtiment. Construit en 1781, il comporte 8 étages, ce qui était plutôt rare à l'époque. Mais ce n'est pas cela qui nous préoccupe ici. En effet, il possède un double escalier. Chaque escalier était séparé de l'autre de quelques mètres. Ainsi, les personnes qui montaient ne croisaient jamais celles qui en descendaient. Il faut dire que ce bel immeuble, à deux pas du Palais-Royal, abritait...des prostituées et un immense tripot, de dix-neuf salles! Dans ces conditions, on comprend mieux la discrétion des lieux. Ceci explique cela.

01/0093 Le mètre-étalon de la place Vendôme

Le mètre-étalon fut institué à la Révolution, pour habituer les Français, et en particulier les Parisiens, à cette nouvelle unité de mesure. Le mètre fut institué en 1791 par l'Académie des Sciences de Paris, comme la millionième partie d'un quart de méridien terrestre. Un seul mètre-étalon est toujours à son emplacement d'origine, rue de Vaugirard, en face du Sénat. Celui du 13 place Vendôme a été déplacé ici en 1848.

01/0094 Fort Alamo à Paris

Sur la façade de l'hôtel Vendôme, au numéro 1 de la place éponyme, vous pourrez observer une plaque commémorative très étrange. En effet, elle indique l'emplacement de...l'ambassade du Texas ! Rien d'étonnant à cela: le Texas fut une république indépendante, de 1836 à 1845. C'est grâce au sacrifice des défenseurs de Fort Alamo (février-mars 1836) que le Mexique, qui possédait alors le Texas, dut accepter son indépendance. Une page d'histoire en plein Paris.