Anecdotes
Anecdotes 7è arrondissement


07/0027 La passerelle disparue

Reliant le quai Anatole France et le quai des Tuileries, la passerelle Solferino, construite en 1958, fut détruite dans les années 90. Aucun Parisien ne la regrette, car elle était particulièrement laide. Elle fut remplacée par une autre passerelle, en fait un élégant pont piétonnier dessiné par Marc Mimram.

07/0028 Un peu d'air pour les malades

L' Hospice des incurables situé dans l'actuel hôpital Laënnec, 42 rue de Sèvres, est le dernier des 9 établissements hospitaliers créés sous Henri IV et Louis XIII. C'est aussi le premier établissement  où chaque malade avait...un lit. En effet, jusque là, on comptait par exemple 5 malades par lit à l'Hôtel-Dieu !

07/0029 La revanche d'une royaliste

L'Hôtel Matignon, 57 rue de Varenne, abrite depuis 1935 les premiers ministres de la République.
Mais il fut longtemps interdit aux non-royalistes. En 1719, le prince de Tingry acheta cet hôtel pour l'agrandir, et dut le revendre pour cause de faillite à Jacques...de Matignon, qui en fit ce qu'il est devenu aujourd'hui. En 1852, la veuve du duc de Galliera, fervente royaliste, loua le rez-de-chaussée au comte de Paris, prétendant au trône de France. En 1884, la brillante réception organisée par ce dernier, à laquelle assistèrent des ambassadeurs étrangers, fut à l'origine de la loi, votée peu après, qui interdisait le territoire de la République aux chefs de famille ayant régné sur la France. A la suite de cette loi, la duchesse de Galliera, qui avait envisagé de léguer ses collections privées à la ville de Paris, modifia son testament, et les légua à la ville de Gênes. Pour la même raison, elle laissa son hôtel à l'empereur François-Joseph d'Autriche, qui y installa son ambassade en 1888. En 1914, l'hôtel fut séquestré par la République, l'Autriche-Hongrie étant entrée en guerre aux côtés de l'Allemagne contre la France. La suite, vous la connaissez...

07/0030 Victoire sur la Prusse

Achevé en décembre 1813, le pont d'Iéna glorifie la victoire remportée le 14 octobre 1806 par les armées napoléoniennes sur la Prusse. Les tympans sont sculptés de l'aigle aux ailes déployées, symbole de l'Empereur. Après la chute de l'Empire, Louis XVIII, devenu roi, les fait remplacer par son monogramme pour ne pas déplaire au général Prussien, Blucher, qui occupait Paris, en tant que membre du camp des vainqueurs. Il craignait en effet que celui-ci ne fasse sauter le pont, symbole de la défaite de son pays, quelques années plus tôt. Il n'en fut rien, et en 1852, Barye rétablit les aigles (rappelons que nous sommes alors sous le Second Empire), et sculpta quatre groupes de guerriers installés deux à deux de chaque côté du pont. Le Gaulois et le Romain sur la rive gauche, le Grec et l'Arabe sur la rive droite. Le pont fut élargi entre 1934 et 1937 et passa de 14 à 35 mètres.

07/0031 La bataille du gothique

La construction d'une nouvelle église dans le faubourg St Germain fut décidée en 1840. Située 23 bis rue Las Cases, l'église Ste Clotilde Ste Valère imite le gothique du 14ème siècle, avec ses flèches et ses rosaces. Et pourtant, elle fut l'objet de vives controverses à l'époque. Le préfet Rambuteau imposa à l'architecte Fraçois Gau, d'origine allemande, le style gothique, "plus conforme à nos traditions et habitudes religieuses". Il dut lutter cinq ans durant contre le Conseil des Bâtiments Civils, qui lui préférait le style néo-classique et estimait le gothique comme un style "barbare, baroque, sans pensée, sans caractère, sans élégance". Rien que ça...
Rambuteau finit par l'emporter, mais Prosper Mérimée, alors Inspecteur Général des Monuments Historiques, l'accusa d'avoir fait du "Gautique". On peut ne pas être d'accord, et garder son sens de l'humour.

07/0032 L'artilleur de la Tour Eiffel

Pendant l'Exposition Universelle de 1900, un canon installé sur la seconde plate-forme tonnait chaque soir pour informer les nombreux visiteurs de la fermeture des portes. Plus tard, le système fut amélioré; un employé, muni d'une lorgnette, "visait" l'horloge de la Gare St Lazare, pour signaler le moment venu pour l'artificier de sonner midi.

07/0033 Quand le Palais Bourbon faisait la bombe...

En 1893, le 9 décembre exactement, le paisible Palais Bourbon (l'Assemblée Nationale actuelle) fut le théâtre d'un évènement incroyable: une bombe à clous explosa, sortant de leur torpeur les députés qui y somnolaient. Un dénommé Vaillant, anarchiste, s'était infiltré dans l'enceinte sanctuarisée pour y lancer son engin de mort. plusieurs députés furent blessés, dont le Président de la Chambre, Charles Dupuy,  qui lança à la tribune: "Messieurs, la séance continue !". Le 5 décembre 1894, Vaillant marcha d'un pas ferme vers l'échafaud en criant: "Mort à la bourgeoisie ! Vive l'anarchie !". Et le couperet tomba.

07/0034 Société utopique

La Société Théosophique, installée au 4 square Rapp, s'est donné pour but de former un noyau de fraternité universelle. Ce qui explique le titre de cet article... Elle devait également encourager l'étude comparée des religions, des philosophies et des sciences, et d'étudier les lois inexpliquées de la Nature et les pouvoirs latents de l'Homme. L'immeuble qui l'abrite est du plus pur style orientaliste et Art Nouveau. La librairie, située au rez-de-chaussée, offre des rayons d'une extrême richesse, en matière d'occultisme et de mysticisme. Pour assister à des cours, il suffit de consulter les programmes affichés dans le hall.

07/0035 Dépaysement garanti

A notre époque, plus grand chose n'est garanti. Et pourtant, croyez-moi, le jardin de Babylone, dessiné en croix et planté d'arbres fruitiers, est vraiment exceptionnel. Plus que cela, c'est un endroit hors du temps.

07/0036 Une guinguette bien protégée

Au 36 rue de Grenelle, une auberge fut créée en 1861 par un nommé Carteron.  Elle s'appelait "A la Petite Chaise". C'était le type de guinguettes protégées par des barreaux de fer, rendez-vous des chasseurs du faubourg St Germain aux 17è et 18è siècles.. Les cochers et les valets s'y retrouvaient le matin, le soir on y rencontrait de grands seigneurs. tels le Régent et son ami, le cardinal Dubois. Le célèbre gastronome Brillat'Savarin, auteur de la "Philosophie du goût", y vint pendant la Révolution.

07/0037 De père en fils

Il y a des familles comme ça... Le père, le plus célèbre docteur en neuropsychiatrie de son époque, le docteur Charcot, donna naissance à son non moins célèbre fils le navigateur Charcot. Ce dernier, champion de France de rugby en 1894, épousa la petite-fille de Victor Hugo en 1896, et franchit le premier le cercle polaire arctique en 1902, à bord du "Pourquoi pas?". Cette illustre famille habita au 217  boulevard St Germain, dans un superbe hôtel particulier. Devenu depuis Maison de l'Amérique Latine, il il accueille toutes les manifestations culturelles et artistiques susceptibles de promouvoir cette partie du monde. Belle destinée pour une saga familiale exceptionnelle.

07/0038 Un trésor disparu...mais retrouvé!

Le cabinet de curiosités Deyrolles a subi récemment un terrible incendie. Par malheur, de nombreuses collections uniques de ce magasin, véritable musée d'Histoire Naturelle privé disparurent en fumée, était l'un des plus extraordinaires de Paris.  Situé au 46 rue du Bac, vous y étiez accueillis à l'entrée par un ours polaire. Puis vous deviez vous faufiler entre un lion et un éléphant empaillés, pour tomber nez à nez avec...une autruche ! Deyrolle fut l'un des derniers magasins en Europe à pratiquer la taxidermie. La qualité du travail était si grande que l'impression était saisissante. L'Education Nationale venait d'ailleurs s'y fournir en animaux et planches de couleur destinés aux classes de sciences naturelles. Situé dans un élégant hôtel particulier du 18è siècle, ce lieu mythique abritait de superbes collections d'insectes et de papillons multicolores. On pouvait aussi y faire naturaliser son animal familier... Eh bien, il a été reconstruit, et si certaines pièces inestimables ont disparu, vous pouvez de nouveau l'admirer à la même adresse. Courez-y !