Anecdotes
Anecdotes 8è arrondissement

 

08/0039 Le temple du théâtre

Dans ce quartier, il y a pléthore de lieux de spectacle. Mais le Théâtre des Mathurins, au n°36 de la rue est sans conteste l'un des temples de cet art. Jugez plutôt: de 1927 à 1939, il accueillit Georges et Ludmilla Pitoëff, dont les portraits ornent la façade. Leur fils Sacha perpétuera leur oeuvre. Mais ce n'est pas tout. Ce théâtre interpréta les pièces de Sacha Guitry, et Tristan Bernard. Repris en 1927, il s'éloigna du répertoire léger pour présenter des oeuvres de Georges Bernard Shaw et R.Fauchois (Boudu sauvé des eaux). Jean Tedesco puis Georges Pitoëff reprirent la suite et produirent Pirandello, Tagore, Anouilh, Claudel, Tchekhov... En 1939, ce fut au tour d'Exbrayat, Synge, Camus, Gide ou encore Héloïse et Abélard  de R. Vaillant. En 1953, Mme Harry Baur prit la tête du théâtre et monta Yourcenar, Faulkner, Malaparte, Coggio, Brecht et Duras. Et ce n'est pas fini... Ouf !

08/0040 Taïaut, taïaut!

L'immeuble du 16 rue de l'Arcade est assez étonnant: datant du 19è siècle, il est décoré en façade d'impostes sur le thème de la chasse au sanglier et au lièvre...Surprenant alors qu'à l'époque, déjà, le quartier était fortement urbanisé, et le gibier bien loin...Quant à la cour intérieure, sobre et élégante, elle est entourée d'écuries. Mais là, c'est plus normal, nos aïeux ne se déplaçant qu'à cheval.

08/0041 La morue la plus célèbre de Paris, enfin peut-être...

La rue Boissy d'Anglas, un Conventionnel parmi les plus cruels sous la Terreur, s'appelait en 1715...rue de la Bonne Morue ! En fait, ce poisson était fort bien préparé par le restaurant voisin de la veuve Vautier. Quant la cuisine est bonne, on attribue des étoiles à un restaurant. A cette époque, on donnait le nom à une rue. Pourquoi pas ?

08/0042 La rue du souvenir

...ou plutôt l'impasse du Souvenir. Au niveau du 34 rue La Boëtie s'ouvre une impasse. Elles est flanquée, de chaque côté, de bornes. Celles-ci ne sont pas là par hasard. Elles servaient à protéger les immeubles et les passants qui pouvaient se réfugier entre deux bornes, lors du passage d'une voiture à cheval.

08/0043 Les soldats du Roi

A l'angle de la rue Delcassé et de la rue de Penthièvre, une caserne de la Gendarmerie Nationale a succédé à l'une des casernes des Gardes Françaises bâties entre 1772 et 1780 par le maréchal de Biron. De cette caserne, dite de la rue Verte (ancien nom de la rue de Penthièvre), partit un détachement de gardes qui prit part à la prise de la Bastille, le 14 juillet 1789.

08/0044 Un lieu de plaisirs oublié

La rue du Colisée garde le souvenir d'un lieu d'attractions, créé en 1771 par la marquise de Langeac. Ce vaste bâtiment, appelé le Colisée, comprenait des salles de bal, de naumachie (combats navals dans une arène) et diverses autres attractions, dont un orchestre de plus de trente musiciens. Fréquenté et vanté par les plus grands personnages de la cour, dont la reine Marie-Antoinette elle-même, il passa de mode et dut fermer en 1779. Il fut rasé en 1780, et la marquise ruinée. C'est désormais un restaurant, le Boeuf sur le toit, qui remplace cet établissement. Mais la rue porte toujours son nom.

08/0045 La vieille librairie

Au 164 de la rue du Faubourg St Honoré, se trouve une vénérable institution: la librairie Blaizot, fondée en 1840. Installée ici en 1928, elle s'est spécialisée dans les livres anciens et l'édition moderne, illustrée par de grands artistes: Bonnard, Maurice Denis.
Elle est ornée d'un superbe vitrail sur le thème du livre, réalisé par Jacques Gruber en 1928.

08/0046 En avance sur son époque

C'est le moins que l'on puisse dire à propos de l'immeuble construit par Shell en 1932 à l'angle de la rue d'Artois et de la rue Washington. En effet, il disposait déjà, à l'époque d'ascenseurs, mais surtout de panneaux radiants et, encore plus étonnant, de ventilation; nous dirions aujourd'hui de la climatisation... Le tout construit en vingt mois, ce fut le plus grand chantier de Paris de son temps. Bravo!

08/0047 Pour éduquer les pauvres

L'hospice Beaujon s'élève au 208 rue du Faibourg St Honoré. Nicolas Beaujon décida, en 1784, d'y fonder un hospice pour y éduquer douze garçons et douze filles pauvres du quartier (tiens, tiens, la parité existait donc avant le 21è siècle, époque de tous les progrès et de tous les bonheurs?). La pompe à eau de Chaillot alimentait l'orphelinat en eau. Un service médical gratuit fut installé pour les pauvres du quartier. La Révolution, comme souvent, récupéra cette initiative pour se l'approprier, et en fit un hôpital.
Le tout fut rasé en 1989, époque bien connue pour sa modération et son respect pour les bâtiments anciens. Il eût été aisé de les réhabiliter, mais l'esprit de l'époque voulait faire stupidement table rase du passé, ce contre quoi je combats-modestement-.

08/0048 Une fonderie qui fond

La fonderie du Roule était la fonderie Royale. On y fondait les affûts de canons et les statues en bronze des souverains. Pendant la Révolution, retournement de l'Histoire, elles servirent...à fondre les statues des souverains pour en faire des canons ! Les esclaves provenant de la statue d'Henri IV sur le Pont-Neuf furent sauvés de la destruction par Jean-Baptiste Lebrun, l'époux de la célèbre peintre, Madame Vigée-Lebrun. Quant à la statue de Louis XIV par Coysevox, elle orne la cour d'honneur du Musée Carnavalet. Ouf!

08/0049 Une formidable salle de spectacle

Bon, la salle Pleyel, vous connaissez sans doute. Mais attendez un peu. Installée au 252 rue du Faubourg St Honoré, cette salle de concert fut fondée par le grand facteur de pianos Camille Pleyel en 1927. Elle devait accueillir à l'origine 3 000 spectateurs, et son acoustique devait satisfaire les mélomanes, et aussi le public du cinéma, alors en passe d'être sonorisé. Le béton armé et la brique furent utilisés pour sa construction. Trois salles furent aménagées: la salle Debussy, qui pouvait accueillir 300 personnes, la salle Chopin 600, et la salle Pleyel 5 000(!). Louis Armstrong s'y produisit les 9 et 10 novembre 1934 et les 2 et 3 mars 1948, devant une salle comble.

08/0050 La maison de céramique

Ne manquez pas, si vous vous promenez avenue de Wagram, l'immeuble du n°34. Il est absolument extraordinaire. Construit selon le "Modern style", le Céramic Hotel est recouvert de...céramique et de grès. Au rez-de-chaussée, des pieds de glycine sortent d'amphores et se répandent le long de la façade. Plus haut, des frises de fleurs des magnolias, et des coléoptères (des hannetons?) agrémentent les balcons et oriels qui donnent une curieuse dissymétrie à cette maison.

08/0051 Quand Falguière concurrence Rodin

Falguière et Rodin étaient tous deux de fantastiques sculpteurs du 19è siècle. Place Guillaumin trône une statue de Balzac. Commandée à Rodin dont ce fut pourtant une de ses oeuvres les plus magistrales, elle fut confiée finalement à Falguière. Mais son oeuvre fit l'objet d'un scandale de la part de la Société des Gens de Lettres, qui l'avait commandée. L'oeuvre de Falguière est magnifique, et celle de Rodin se dresse depuis 1939 boulevard Raspail. Bref, tout le monde est content.

08/0052 Un parc luxueux

Le Parc Monceau était environné, dès le 18è siècle, par de petites maisons abritant les amours des riches personnages dans les parages encore champêtres du faubourg St Honoré. Le duc de Chartres, futur Philippe-Egalité sous la Révolution, y acquit un terrain sur le village de Monceau en 1769. Le pavillon de Chartres était orné de marbres de brèches et de bronzes. C'était sans conteste l'un des plus luxueux de Paris. Il était agrémenté de vignes, de fermes, de cabarets, de pavillons à la française, de moulins à eau et à vent, d'un minaret (l'orientalisme était à la mode, à l'époque), de tentes turques et tartares, de ruines du temple de Mars, d'une naumachie, et d'un petit temple de marbre blanc. L'exécution de Philippe-Egalité, en 1793, fit cesser les travaux. Devenu Bien national sous la Révolution, il fut le théâtre du premier saut en...parachute! En 1811, il fit partie du jardin impérial. Dans les premières années du 20è siècle, le parc fut agrémenté de monuments à des gens de lettres et à des musiciens. On peut y admirer les statues de Charles Gounod, de Guy de Maupassant, Ambroise Thomas, Frédéric Chopin, Edouard Pailleron. La statue de Charles Valton, la Lionne blessée, n'existe plus, fondue par le gouvernement de Vichy.

08/0053 Le musée Nissim de Camondo

Au 63 rue de Monceau, se trouve l'Hôtel Nissim de Camondo. Celui-ci, mort en combat aérien en 1917 pour la France, était le fils de Moïse de Camondo.  Celui-ci, en souvenir de son fils, légua en 1935 son hôtel et ses fabuleuses collections à l'Union Centrale des Arts Décoratifs. Le musée abrite des collections extraordinaires du 18è siècle. Juifs au service de la France, ils ont largement contribué à la préservation du patrimoine français des 18 et 19è siècles.

08/0054 Le palais du chocolat

Si la maison en pain d'épices est un conte pour enfants, la maison de chocolat existe bel et bien. C'est ce surprenant hôtel particulier que vous trouverez au 4 de l'avenue Ruysdael. Curieux et fantastique par son archtecture, il fut élevé pour le chocolatier Gaston Menier. Sa façade en brique polychrome et pierre comporte au centre du cintre du porche un caducée qui nous rappelle qu'il est désormais le siège de l'ordre des pharmaciens. Le mélange des styles des différents bâtiments, tour à tour de style normand, mauresque ou flamand, en fait tout l'intérêt. Si vous avez l'occasion de le visiter, n'y allez pas, courez-y!

08/0055 Il aura fallu attendre un siècle...

...pour rendre hommage au préfet Haussmann. Ce grand homme qui a remodelé Paris (malgré des dégâts qu'il aurait sans doute pu éviter) et en a fait une capitale moderne, que le monde entier admire, n'avait toujours pas de statue à son effigie dans la capitale. Il a fallu attendre 1989 pour qu'il soit immortalisé au 132 du boulevard qui porte son nom.

08/0056 Aux Tortues

C'est le nom du magasin situé au 55 du boulevard Haussmann. Avec sa superbe devanture en bois sculpté, il fut créé en 1864, et la boutique reçut son décor en 1910. Les tortues et les éléphants scuptés rappellent sa destination première: la vente d'objets en ivoire et en écaille. La devanture est (heureusement) restée, mais le magasin a disparu. Il est remplacé par un commerce d'alimentation sans intérêt.

08/0057 Un inventeur de génie et un philanthrope

La Mairie du 8è arrondissement a déménagé plusieurs fois. Elle s'est définitivement fixée en 1926 dans un hôtel particulier élevé en 1865/1867 pour Jean-François Cail. Ce nom ne vous dit peut-être pas grand chose, mais c'était un sacré personnage. Voici son histoire: ouvrier autodidacte, Jean-François Cail est devenu un puissant industriel. Remarquable inventeur de machines pour le traitement de la canne à sucre, il produisit aussi des centaines de locomotives, dont les fameuses "Crampton". Il aménagea pour ses ouvriers dans le quartier de la Chapelle (18è arrondissement) des crèches, des écoles, un théâtre (les Bouffes du Nord), des commerces bon marché. Il construisit le pont de l'Europe, qui enjambe les voies de la gare St Lazare. Pas mal, non ?

08/0058 La gare dont on ne voulait pas

A l'origine, la gare St Lazare devait se trouver tout près de la place de la Concorde. Les protestations furent telles qu'elle fut construite place de l'Europe, puis déplacée à l'emplacement actuel en 1841. Elle fut rebâtie pour l'Exposition Universelle de 1889.
Il fallait se faire belle pour accueillir les millions de touristes venus spécialement à Paris pour admirer l'Exposition du centenaire de la Révolution Française!

08/0059 Quand la politique fait changer de nom

La rue de St Petersbourg présente la particularité d'avoir eu plusieurs noms différents: tantôt rue de Petrograd, tantôt rue de Léningrad, enfin rue de St Petersbourg. Chaque changement de régime en Russie explique ces nouvelles appelations. Les régimes successivement tsariste, puis bolchevique et communiste, et enfin républicain que nous connaissons actuellement.

08/0060 La Petite Pologne

En remontant la rue du Rocher, on surplombe la rue de Madrid, qu'elle enjambe par un pont.  Cette altitude toute relative rappelle l'existence de moulins, très présents sur les buttes avoisinantes. Le quartier s'appelle la Petite Pologne, en raison des nombreux émigrés polonais qui s'y étaient installés, suite au dépeçage de leur pays ami de la France par les puissances voisines après la chute de l'Empire: la Prusse, l'Autriche-Hongrie et la Russie... Au n°56 de la même rue, vous pourrez voir un curieux fronton brisé, accompagné de bas-reliefs illustrant la Peinture et l'Architecture...

08/0061 Une trace émouvante du passé

Dans la cour du 4 de la rue du Général Foy, a été remontée une borne-limite de la Ville, provenant de la maison du sieur Vincent, rue de l'Arcade, avec cette inscription: " 1729 - Règne de Louis XV- De par le Roy - Défenses expresses sont faites de bâtir - Dans cette rue hors la présente borne - et limites aux peines portées - Par les déclarations de Sa Majesté de 1724 à 1726". Moment privilégié que de lire ces quelques phrases...