Anecdotes
Anecdotes 11è arrondissement

 

11/0025 Qui était Richard-Lenoir ?

On devrait plutôt dire: qui étaient Richard et Lenoir ?
Le boulevard Richard-Lenoir est emblématique du 11è arrondissement. Mais quelle est son origine ? Revenons quelques siècles en arrière. En 1799, plus exactement. François Richard et Jean-Daniel Lenoir y ouvrirent, cette même année, une importante filature de coton, dans les locaux des religieuses de Notre-Dame du Bon Secours, expulsées à la Révolution. Leur entreprise connut une rapide expansion, malgré le blocus des matières premières organisé par les Anglais, alors en guerre contre Napoléon 1er. A la mort de Lenoir, en 1806, François Richard reprit le patronyme de ce dernier, et devint Richard-Lenoir. En 1810, l'entreprise employait 15 000 ouvriers dans ses établissements de Normandie et de Picardie, et 3 500 dans sa filature parisienne. L'instauration de taxes très lourdes sur le coton, à la Restauration, fit disparaître l'entreprise.
C'est aussi au n°130 du boulevard Richard-Lenoir que l'écrivain Simenon a domicilié le célèbre commissaire Maigret.

11/0026 Le Grand Cirque

Place de la République, à l'angle de la rue du faubourg du Temple, se trouve l'ancien immeuble des Magasins Réunis. Créé en 1865, sa façade est décorée de motifs ornementaux parmi lesquels les figures de Mercure et de Vulcain, symbolisant le commerce et le travail. La Société des Magasins Réunis loua l'immeuble pour rassembler des commerçants indépendants, désireux de vendre à bon marché. Trois ans plus tard, la Société fit faillite et fut dissoute. L'immeuble fut alors racheté par J W Myers, qui y aménagea le Grand Cirque Américain, qui, fort de plus de 5 000 places, y restera jusqu'en 1893.

11/0027 Un bien sinistre 15 juillet

Le 15 juillet 1862 restera à jamais comme l'une des dates les plus tristes de l'histoire de Paris. Ce jour-là, Haussmann commença les travaux de percement des futurs boulevards Beaumarchais et des Filles du Calvaire. Tous les théâtres du boulevard du Temple, rebaptisé à l'époque le "boulevard du Crime", en raison des spectacles mélodramatiques et sanglants qui s'y jouaient, donnèrent leur dernière représentation. Seuls trois théâtres furent épargnés, et reconstruits place du Châtelet et boulevard St Martin.

11/0028 Un architecte éclectique

Si je vous dis: Jacques Hittorff, ce nom ne vous dit peut-être pas grand-chose. Et pourtant, ce grand architecte du 19è siècle a construit: les fontaines de la place de la Concorde, la place du Louvre, la mairie du 1er arrondissement, la place de l'Etoile et ses hôtels, l'avenue Foch, la Gare du Nord, et j'en passe...
Il se vit confier en 1852, par l'empereur Napoléon III, la construction d'un cirque couvert permanent, où les Parisiens de l'est  de la capitale pourraient admirer les mêmes spectacles équestres que ceux auxquels avaient droit ceux de l'ouest parisien, au Cirque des Champs-Elysées, près du Carré Marigny. En 6 mois, le bâtiment fut achevé: c'est maintenant le Cirque d'Hiver que vous connaissez.
Inauguré le 11 décembre 1852, il s'appela tout d'abord Cirque Napoléon. Depuis, il fut transformé par les Frères Pathé' en cinéma avec accompagnement d'orchestre en 1907. Pendant les Jeux Olympiques de Paris en 1924, il accueillit des épreuves olympiques. Après bien d'autres avatars, il fit faillitte en 1934, et fut repris par les Frères Bouglione, qui lui rendirent sa vocation initiale: le cirque.

11/0029 Triste destinée

Au n°50 de la rue de Malte s'élevait la façade du Théâtre du Prince Impérial. Inauguré le 11 août 1866, on y donna des spectacles de cirque jusqu'en 1869, date à laquelle il fut rebaptisé Théâtre du Château d'eau. En 1881, il devint un opéra populaire. En 1903, il prit le nom d'Alhambra, et fut alors, avec ses 2 500 places, l'un des plus grands théâtres de Paris. En 1956, on lui adjoignit le nom de Maurice Chevalier. Et enfin, il fut détruit, en 1967, et remplacé par un banal immeuble d'habitation. Quelle tristesse !

11/0030 Les débuts de Momo

Au 94 rue du faubourg du Temple, dans le passage Pivert, se trouvait le théâtre du Tambour Royal. Dès 1897, le comique y était à l'honneur. C'est en 1902 qu'un jeune homme, inconnu, se présenta et y fut engagé en supplément de programme.
Il s'appelait Maurice Chevalier, et fut appelé à un brillant avenir. Avez-vous vu le nouveau chapeau de Toto ? Prosper Youp la boum, c'est le chéri de ces dames...Ah, les gars d'Ménilmontant...

11/0031 Une église pour champ de bataille

L'église St Joseph des Nations s'élève au 161 de la rue St Maur. Achevée en 1875, elle fut le théâtre, si l'on peut dire, de violents événements.
Lors du second procès en révision du capitaine Dreyfus, le dimanche 20 août 1899, Sébastien Faure, directeur du quotidien anarchiste "Le journal du peuple", avait appelé à une manifestation de soutien place du Château d'eau. Celle-ci se heurta à une contre-manifestation des partisans de Jules Guérin, directeur de "L'antijuif". De violentes bagarres éclatèrent, à la suite desquelles une fraction des émeutiers vint piller l'église, et brûla du mobilier sur le parvis. Nos grands-parents ne rigolaient pas avec la politique...

11/0032 Les quatre rues inhabitées

Si vous vous promenez du côté de la rue Oberkampf, vous remarquerez qu'elle est reliée à la rue du Chemin Vert par quatre rues très courtes: la rue Charles Luiset, la rue Marcel Gromaire, la rue Scarron et la rue Clotilde de Vaux. En fait ces "rues" sont des escaliers, qui ne portent aucun numéro, et sont donc inhabitées.

11/0033 Le Ba-Ta-Clan

La salle de music-hall qui a repris ce nom célèbre de la variété parisienne en 1983, n'a plus rien de commun avec son illustre ancêtre.
Au 50 boulevard Voltaire fut créé en 1864 le Grand Café Chinois, rebaptisé un peu plus tard le Ba-Ta-Clan. Celui-ci était bâti sur le modèle...d'une pagode chinoise !
A l'extérieur, on y admirait des belvédères, des dragons ailés, des petits singes accroupis, des lanternes, des étendards, des toitures en forme de sabot. A l'intérieur, les halls, la salle de café, les salles de billard et les escaliers étaient décorés de colonnes multicolores. Des cariatides soutenant le plafond représentaient des dragons et des chimères. Les murs étaient recouverts d'une toile peinte rappelant la vie et les moeurs chinoises. Sur la scène étaient dressés des temples, des pagodes et même deux cascades d'eau naturelle, colorée en bleu et en jaune, évoquant le Fleuve Bleu et le Fleuve Jaune. Le rideau, en forme d'éventail, ne se levait pas, il s'écartait. Dans ce décor exotique, parmi les statues chinoises, les paravents et les mandarins, on dégustait des "chinois", en écoutant une chanteuse appelée tout naturellement Mandarine. A son répertoire, entre autres oeuvres, l'opérette d'Offenbach: "Ba-Ta-Clan", chinoiserie musicale selon son auteur.
En 1870, le théâtre fut le lieu de réunions politiques, auxquelles assistèrent Ledru-Rollin, Victor Hugo, Jules Ferry, Charles Floquet et Jules Simon.
En 1892, Paulus, le roi du café-concert, racheta le Ba-Ta-Clan et y produisit des artistes de talent: Aristide Bruant, et un certain William Cody, un américain plus connu sous le nom de ...Buffalo Bill ! En 1909, Maurice Chevalier y était en vedette. En 1932, la salle fut aménagée en cinéma parlant et en 1950 elle fut fermée par la Ville de Paris, pour cause de vétusté. Elle renaquit de ses cendres en 1952, sous forme de cinéma, et devint à partir de 1971 une salle de spectacle, ce qu'elle est restée.depuis. La boucle est bouclée.

11/0034 L'accessoiriste de cinéma

Décidément, on parle beaucoup de spectacles, de music-halls et de théâtres dans cet arrondissement. C'est normal, nous étions de l'autre-côté de la barrière des Fermiers Généraux, cette enceinte fiscale qui enserrait Paris jusqu'en 1860. Les spectacles, comme les cabarets et les autres commerces, étaient alors détaxés, donc...moins chers.
Eh bien, maintenant, parlons un peu de cinéma. Au n°60 de la rue St Sabin, derrière un portail, un étroit passage abrité par une verrière recèle un prodigieux bric-à-brac. C'est une (petite) partie des trésors de la Société Régifilm, qui fournit au 7è art tout ce dont on peut avoir besoin en matière de mobilier urbain, décors ou costumes.
Etonnant !