Anecdotes
Anecdotes 14è arrondissement


14/0026 Les coucous s'en vont !

C'est par ce cri du coeur poussé le 6 juin 1846 que le magazine "L'Illustration" salua l'inauguration du Chemin de Fer de Sceaux, condamnant par là même à la retraite les "coucous" qui assuraient jusque-là les liaisons Paris-Banlieue. Sceaux, après Versailles et St Germain en Laye, cédait à la modernité de la vapeur. Adieu les voitures à chevaux, bonjour les locos...
La petite gare de tête de ligne située place Denfert-Rochereau est le plus ancien témoignage subsistant de la première génération des gares parisiennes.

14/0027 Isolement, surveillance et salubrité

Ce n'est pas la nouvelle devise de la République, mais les préceptes (modernes pour l'époque), qui ont conduit à la construction de la toute nouvelle prison de la Santé. Bâtie de 1861 à 1867 par Emile Vaudremer. Elle innove en plusieurs points: isolement des prévenus seulement la nuit, surveillance centralisée, travail collectif en ateliers dans la journée, système de tout-à-l'égout moderne, ventilation et chauffage dernier cri... Ce qui ne manqua pas, comme on peut s'en douter, de scandaliser les contemporains, qui étaient souvent loin de bénéficier d'un tel confort. On les comprend...
Mais enfin, les nouvelles normes d'hygiène et de sécurité se devaient d'être appliquées partout.

14/0028 Donnant, donnant

La place Denfert-Rochereau, vous le savez, abrite en son centre le Lion de Belfort. Mais connaissez-vous son secret ?
En réalité, tout se passe après la désastreuse guerre franco-prussienne de 1870. Napoléon III, battu par les Allemands à Sedan, dut capituler, et le Second Empire disparaîtra avec lui.
Si l'armée française fut largement écrasée par l'adversaire, il y eut tout de même quelques hauts faits d'armes. En particulier, le colonel Denfert-Rochereau, que les Allemands ne purent, malgré leurs efforts, forcer à capituler. La ville de Belfort, dont il assurait la défense, ne put jamais être prise. Mais son comportement héroïque ne suffit pas à assurer la victoire...
Parmi les termes de la capitulation stipulés par le Traité de Francfort, le négociateur français, Adolphe Thiers, accepta que les Allemends n'occupassent Paris que durant une journée symbolique, le 1er mars 1871. En échange, la France pouvait conserver Belfort. C'est ainsi que le Territoire de Belfort naquit... Mais en dépit des efforts de Thiers, l'Alsace et une partie de la Lorraine furent annexées au Reich. Il faudra attendre 1918 et la revanche pour les récupérer. Mais ça, c'est une autre histoire...

14/0029 La cantine des artistes

Marie Vassilief choisit le 21 avenue du Maine pour y créer la cantine des artistes. De 1915 à 1929, elle y accueillit Picasso, Modigliani, Zadkine, Chagall, Apollinaire... Les artistes qui habitent toujours le lieu essayent de sauver ce petit îlot de verdure. Ils sont fiers de faire visiter cet endroit pittoresque, et d'en raconter l'histoire.

14/0030 Le trophée russe

L'église Notre-Dame du Travail, au 59 rue Vercingétorix fut construite de 1899 à 1901 par l'architecte Jean Astruc. C'est un curieux bâtiment, à mi-chemin entre architecture industrielle et grange du Middle West américain. L'idée de l'abbé Soulange-Bodin était de construire un lieu de culte qui réconcilierait le monde du capital et du travail. En effet, de nombreux cheminots habitaient le quartier (nous sommes tout près de la Gare Montparnasse). D'où son nom. Cette église présente une autre particularité: elle été construite à peu de frais, en partie grâce à...une souscription nationale ! De plus, on récupéra des charpentes métalliques de l'ex-Palais de l'Industrie, ce qui explique son architecture industrielle. Enfin, elle abrite une cloche "historique": elle fut ramenée du siège de Sébastopol par Napoléon III en 1855 ! 

14/0031 Le bon plaisir

Le célèbre film, dont Catherine Deneuve fut la vedette, fut tourné Villa Hallé, à deux pas de la bruyante avenue du Général Leclerc. Petite impasse bordée de maisons basses, souvent avec jardin. Cadre bucolique et atmosphère provinciale assurés.

14/0032 Comme quoi on peut être banquier et artiste

Encore une adorable ruelle pavée à l'ancienne et bordée de maisons campagnardes. Vous succomberez comme moi au charme des lieux de la rue Boulard. C'est devenu une voie privée, mais on peut quand même l'admirer à travers les grilles. Au n°29 de la rue, un employé de banque s'initia à la peinture chez son ami Emile Schnuttneckar. Il s'appelait Paul Gauguin.

14/0033 Sous-sol comestible

Le sous-sol du 14ème arrondissement, c'est bien connu, est truffé d'anciennes carrières. C'est d'ailleurs pour cette raison que les cimetières Parisiens y furent déménagés en 1786 dans les carrières de la Tombe-Issoire, formant ainsi les Catacombes, sous l'actuelle place Denfert-Rochereau.
Mais on ne trouve pas que des os dans ces sous-sols. Un jour, en 1814, un dénommé Chambry, maraîcher de son état, découvrit par le plus grand des hasards qu'une ancienne carrière à laquelle il pouvait accéder par son jardin était couverte de...
champignons !
L'obscurité, le taux d'hygrométrie élevé, la température constante et fraîche, et la présence opportune de crottin de cheval avaient permis cette éclosion. La culture industrielle du champignon de Paris, appelé aussi agaric des champs, pouvait commencer.
Bientôt, ses champignonnières s'étendirent de l'hôpital Cochin au boulevard St Jacques. Si bien qu'au milieu du 19è siècle, la production parisienne atteignait 25 tonnes par jour. La suite est moins rose: chassés par le renchérissement des terrains, les champignonniers de la capitale émigrèrent en banlieue (Montrouge, Bagneux, Ivry, Charenton...), à la fin du 19è siècle.
Mais les carrières ainsi libérées n'étaient pas perdues pour tout le monde. Au début du 20è siècle, des brasseurs comme Dumesnil ou La Gallia s'y installèrent.