Parisenchansons
Auteur : ROUGET DE LISLE Année : 1792

 

LA MARSEILLAISE

Analyse

Au matin du 25 avril 1792, les Strasbourgeois pouvaient lire sur les murs de la ville l'appel aux armes des Amis de la Constitution, après que la jeune République Française eût déclaré la "guerre aux tyrans, et la paix aux peuples".
Le "tyran" en question était le l'Empereur d'Autriche, Roi de Bohême et de Hongrie.


Le soir même, le maire Dietrich réunissait chez lui toute l'élite de l'Armée du Rhin, et le maréchal de Lückner émettait le souhait qu'un chant de guerre nouveau s'élevât pour exalter les énergies et soutenir l'enthousiasme patriotique.

Rouget de Lisle était présent. Capitaine du génie nommé depuis plus d'un an à Strasbourg, il avait souvent participé aux soirées organisées par le Maire. Humaniste et excellent musicien, il y faisait entendre ses propres oeuvres, madrigaux, romances, extraits d'évocations historiques ou couplets à la gloire des idées nouvelles.
Rimeur appliqué et délicat mélodiste, il semblait tout désigné pour écrire cet hymne que réclamait le vieux maréchal.

 

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Il y travailla dans sa chambre de la rue de la Mésange, pendant toute la nuit du 25 au 26 avril, en reprenant certains termes de l'appel aux armes et en improvisant, sur son violon, la première version d'une musique qui devait connaître une exceptionnelle carrière...

Plagiat, a t-on prétendu, en se fondant sur quelques très lointaines réminiscences d'un Credo de Holzmann (1775), du prélude à une musique de scène que JB Grison, maître de chapelle à St Omer avait composée pour Esther, d'une marche d'un certain Alexandre Bouché, d'une mélodie de Dalayrac et même d'un concerto de Mozart !


Et comme s'il était impossible que cet hymne ait pu être improvisé par un amateur (ou semi-professionnel), un musicologue a même souhaité connaître les notes obtenues aux cours de musique qu'avait suivis Rouget de Lisle dans sa jeunesse !

 

La légende, cependant, s'en empare dès les premiers jours de mai 1792. L'Assemblée Législative a ordonné la formation d'un corps de 20 000 hommes à Paris et le recrutement se fait également partout en province.
A Montpellier, la société jacobine a dépêché auprès des patriotes de Marseille un étudiant en médecine nommé Mireur, pour discuter d'un départ commun, et c'est, à l'heure du banquet, la révélation du chant de guerre qui lui est parvenu de Strasbourg, dans le sac d'un commis-voyageur.


L'effet en est prodigieux. Les sergents-recruteurs sont contraints de refuser les engagements au moment même où le Journal des Départements méridionaux le publie, sans nom d'auteur.

 

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Le 7 juillet, également dans l'anonymat, il paraît dans les Affiches de Strasbourg et c'est seulement le 23 juillet que la Trompette du père Duchêne révèle le nom de Rouget de Lisle. Le 4 août, quand Paris accueille les bataillons de Marseillais conduits par Barbaroux, le ténor Lays entonne leur hymne.
La Marseillaise était née.

De fait, ce sont les troupes des Fédérés marseillais qui, l'ayant adopté comme chant de marche, l'entonnent lors de leur entrée triomphale, aux Tuileries, à Paris, le 30 juillet 1792. Immédiatement, la foule parisienne, sans se préoccuper de ses différents noms, baptise ce chant : La Marseillaise. Ce titre, outre sa simplicité, a l'avantage de marquer de Strasbourg à Marseille, de l'Est au Midi, l'unité de la Nation.

La Marseillaise est décrétée chant national le 14 juillet 1795 (26 messidor an III) par la Convention, à l'initiative du Comité de salut public. Abandonnée en 1804 sous l’Empire et remplacée par le Chant du départ, elle est reprise en 1830 pendant la révolution des Trois Glorieuses qui porte Louis-Philippe Ier au pouvoir. Berlioz en élabore une orchestration qu’il dédie à Rouget de Lisle.

La IIIe République en fait l'hymne national le 14 février 1879 et, en 1887, une « version officielle » est adoptée en prévision de la célébration du Centenaire de la Révolution. Le 14 juillet 1915, les cendres de Rouget de Lisle sont transférées aux Invalides.

Paroles

Couplet 1 :

Allons enfants de la Patrie
Le jour de gloire est arrivé !
Contre nous de la tyrannie
L'étendard sanglant est levé x2
Entendez-vous dans nos campagnes
Mugir ces féroces soldats ?
Ils viennent jusque dans vos bras.
Égorger vos fils, vos compagnes !

[Refrain] :

Aux armes citoyens
Formez vos bataillons
Marchons, marchons
Qu'un sang impur
Abreuve nos sillons

Couplet 2 :

Que veut cette horde d'esclaves
De traîtres, de rois conjurés ?
Pour qui ces ignobles entraves
Ces fers dès longtemps préparés ? x2
Français, pour nous, ah ! quel outrage
Quels transports il doit exciter ?
C'est nous qu'on ose méditer
De rendre à l'antique esclavage !

[Refrain]

Couplet 3 :

Quoi ces cohortes étrangères !
Feraient la loi dans nos foyers !
Quoi ! ces phalanges mercenaires
Terrasseraient nos fils guerriers ! x2
Grand Dieu ! par des mains enchaînées
Nos fronts sous le joug se ploieraient
De vils despotes deviendraient
Les maîtres des destinées.

[Refrain]

Couplet 4 :

Tremblez, tyrans et vous perfides
L'opprobre de tous les partis
Tremblez ! vos projets parricides
Vont enfin recevoir leurs prix ! x2
Tout est soldat pour vous combattre
S'ils tombent, nos jeunes héros
La France en produit de nouveaux,
Contre vous tout prêts à se battre.

[Refrain]

Couplet 5 :

Français, en guerriers magnanimes
Portez ou retenez vos coups !
Épargnez ces tristes victimes
À regret s'armant contre nous x2
Mais ces despotes sanguinaires
Mais ces complices de Bouillé
Tous ces tigres qui, sans pitié
Déchirent le sein de leur mère !

[Refrain]

Couplet 6 :

Amour sacré de la Patrie
Conduis, soutiens nos bras vengeurs
Liberté, Liberté chérie
Combats avec tes défenseurs ! x2
Sous nos drapeaux, que la victoire
Accoure à tes mâles accents
Que tes ennemis expirants
Voient ton triomphe et notre gloire !

[Refrain]

Couplet 7 : Couplet des enfants :

Nous entrerons dans la carrière
Quand nos aînés n'y seront plus
Nous y trouverons leur poussière
Et la trace de leurs vertus x2
Bien moins jaloux de leur survivre
Que de partager leur cercueil
Nous aurons le sublime orgueil
De les venger ou de les suivre !

[Refrain]

Couplet 8 : Couplet supprimé par Servan, Ministre de la Guerre en 1792 :

Dieu de clémence et de justice
Vois nos tyrans, juge nos coeurs
Que ta bonté nous soit propice
Défends-nous de ces oppresseurs x2
Tu règnes au ciel et sur terre
Et devant Toi, tout doit fléchir
De ton bras, viens nous soutenir
Toi, grand Dieu, maître du tonnerre.

[Refrain]

Couplets supplémentaires :

Couplet 9 :

Peuple français, connais ta gloire ;
Couronné par l'Égalité,
Quel triomphe, quelle victoire,
D'avoir conquis la Liberté ! x2
Le Dieu qui lance le tonnerre
Et qui commande aux éléments,
Pour exterminer les tyrans,
Se sert de ton bras sur la terre.

[Refrain]

Couplet 10 :

Nous avons de la tyrannie
Repoussé les derniers efforts ;
De nos climats, elle est bannie ;
Chez les Français les rois sont morts. x2
Vive à jamais la République !
Anathème à la royauté !
Que ce refrain, partout porté,
Brave des rois la politique.

[Refrain]

Couplet 11 :

La France que l'Europe admire
À reconquis la Liberté
Et chaque citoyen respire
Sous les lois de l'Égalité ; x2
Un jour son image chérie
S'étendra sur tout l'univers.
Peuples, vous briserez vos fers
Et vous aurez une Patrie !

[Refrain]

Couplet 12 :

Foulant aux pieds les droits de l'Homme,
Les soldatesques légions
Des premiers habitants de Rome
Asservirent les nations. x2
Un projet plus grand et plus sage
Nous engage dans les combats
Et le Français n'arme son bras
Que pour détruire l'esclavage.

[Refrain]

Couplet 13 :

Oui ! déjà d'insolents despotes
Et la bande des émigrés
Faisant la guerre aux Sans-Culottes
Par nos armes sont altérés ; x2
Vainement leur espoir se fonde
Sur le fanatisme irrité,
Le signe de la Liberté
Fera bientôt le tour du monde.

[Refrain]

Couplet 14 :

O vous ! que la gloire environne,
Citoyens, illustres guerriers,
Craignez, dans les champs de Bellone,
Craignez de flétrir vos lauriers ! x2
Aux noirs soupçons inaccessibles
Envers vos chefs, vos généraux,
Ne quittez jamais vos drapeaux,
Et vous resterez invincibles.

[Refrain]

Couplet 15 :

Enfants, que l'Honneur, la Patrie
Fassent l'objet de tous nos vœux !
Ayons toujours l'âme nourrie
Des feux qu'ils inspirent tous deux. x2
Soyons unis ! Tout est possible ;
Nos vils ennemis tomberont,
Alors les Français cesseront
De chanter ce refrain terrible :

[Refrain]

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