Le saviez vous ?
Les traditions

Paris et le vin, une longue histoire d'amour

S'il est une tradition que l'on a du mal à imaginer à Paris, c'est bien celle...du vin. Et pourtant, cette histoire d'amour remonte au Moyen-Äge, quand toute la France était plantée de vignes; admirablement située à proximité des grands centres commerciaux de l'époque, c'est à dire les Flandres, le Hainaut et l'Angleterre, Paris est très vite devenu le plus grand centre de production vinicole du royaume de France. Le vin était exporté via la Seine et l'Oise. La production était essentiellement composée de vins blancs, que nos palais modernes jugeraient sans doute trop acides, mais qui correspondait au goût de l'époque. Les vignes se trouvaient sur les coteaux de Belleville, de Charonne, de Montmartre, de la Montagne Ste Geneviève, ainsi que dans les environs immédiats de Paris: Mont Valérien, Mantes, Argenteuil...
La rue de la Goutte d'Or, dans le 18è arrondissement, rappelle un vignoble réputé dont la ville de Paris offrait quatre muids au roi Louis XI à chacun de ses anniversaires. De nombreuses rues parisiennes évoquent le passé vinicole de la capitale: rue des Vignes, rue Vineuse, rue des Panoyaux (ainsi dénommée car ses raisins n'avaient pas de pépins: "pas de noyaux"), rue du Pressoir...
A la veille de la Révolution, la consommation parisienne était de 250 litres par habitant et par an, femmes et enfants compris ! Le vin était source d'importants revenus pour le royaume, qui percevait des taxes aux portes d'entrée de la ville, aux barrières d'octroi. La jeune république abolit ces taxes le 19 février 1791, mais les rétablit très vite pour financer l'effort de guerre. "C'était pas la peine de changer de gouvernement" chantait la fille de Madame Angot...
Le village de Bercy, annexé à Paris en 1860, profitera de sa situation au sud-est de la capitale pour se spécialiser dans la fourniture de vin aux Parisiens. Les foudres de Bourgogne, de Côtes du Rhône, de vins de Provence et du Languedoc remontaient le Rhône puis la Seine, acheminés par bateaux. Viollet le Duc lui-même, qui sauva entre autres Notre-Dame de Paris, la Cité de Carcassonne et le château de Pierrefonds, y construira d'immenses chais-entrepôts qui seront plus tard déclarés d'utilité publique. Au début du 20è siècle, plus de 6 000 personnes travaillaient encore sur ces 43 hectares, organisant des courses de rouleurs de tonneaux, réceptionnant sur les quais de Seine des péniches, les "pinardiers", embouteillant le contenu des wagons-citernes expédiés du sud de la France jusqu'à la gare de la Râpée, puis la Compagnie du Paris-Lyon-Méditerranée. Aujourd'hui, il ne reste de Bercy que quelques chais, qui abritent des commerces à la mode, des rails qui courent les pavés, et une station de métro. 400 pieds de vigne y ont été tout de même été plantés en 1995 pour rappeler aux plus jeunes ce que fut l'activité en ce lieu. Mais c'est le peintre Poulbot qui eut, le premier, l'idée, en 1933, de replanter de la vigne à Paris, en particulier à Montmartre. De nos jours, il y a 6 vignobles dans la capitale: à Montmartre, sur la colline de Belleville, dans le parc Georges Brassens, dans le parc de Bercy, dans celui de la Villette, et dans la rue Lardennois. On peut y ajouter les dix pieds de la caserne de pompiers de la rue Blanche, qui produisent officiellement 60 bouteilles de vin par an, et la production des 300 particuliers membres de l'Association des Vignerons de Paris.