Le mont Parnasse
A Montparnasse, il y avait vraiment un mont ! En fait, un monticule, fait de gravats et de déchets amoncelés, venant des carrières qui y étaient exploitées depuis des siècles; les étudiants du 17è siècle l'appelaient avec humour (ou dérision), le Mont Parnasse, lieu du séjour sacré d'Apollon et des muses. La butte sera rasée en 1725.
Le mont des Martyrs
La butte Montmartre tire son nom de Mons Martyrium (le Mont des Martyrs: Denis et Eleuthère). Une autre hypothèse, défendue par certains historiens, est que son nom dérive de Mons Mercuris, car ceux-ci pensent que la butte abrita un temple dédié à Mercure.
La première grande opération immobilière de la capitale
Le quartier dit de "La Nouvelle Athènes" s'étendait de la rue St Lazare au sud, la rue de Clichy à l'ouest, le boulevard de Clichy au nord, et la rue des Martyrs à l'est. Dès la fin du 17è siècle, des "guinguettes de barrière" ont déjà franchi le mur. On y boit et on y danse, mais on n'y mange que rarement, car souper hors de chez soi n'est pas encore usuel. Mais c'est l'autorisation donnée par Louis XV de créer un nouveau quartier dans ce secteur qui va lui donner son réel essor. La Cour se prend alors de passion pour ce nouveau quartier plein d'avenir. Très vite, des bâtiments destinés au "culte de la galanterie", les folies, s'y multiplièrent. Le Cardinal de Richelieu en est l'un des plus connus. Parmi les plus célèbres: la folie Boursault, la folie Boutin... Toutes comportaient un jardin, voire un parc privés. Les divertissements (des ménageries, des volières, des laiteries, des bergeries...) étaient librement ouverts aux Parisiens les jeudis, dimanches et jours de fêtes. La folie Boutin fut réquisitionnée par la Révolution, qui en fit un jardin d'agrément, le jardin Tivoli. La folie Richelieu fut démolie et remplacée en 1855 par l'église de la Sainte-Trinité, démolie par Haussmann et reconstruite par Ballu 10 ans plus tard. Le quartier prit le nom de Nouvelle Athènes au 19è siècle, en référence à la grécomanie ambiante.
Les artistes prennent racine dans le quartier à cette époque. Victor Hugo, Berlioz dès 1837, puis Chopin qui y prend ses appartements avec George Sand.
L'une des seules constructions caractéristiques rescapées de cette époque est le Musée de la vie romantique. Caché sous les arbres, au fond d'une impasse, c'est un hâvre de paix et de silence dans ce quartier; de plus, il est gratuit et propice aux amoureux!
Tant pis pour les Allemands !
Le quartier de "l'Europe" est situé dans le 8ème arrondissement. De la rue de Stockholm, à la rue de Bucarest, en passant par Rome, Madrid, Lisbonne, St Petersbourg, Londres, Amsterdam...Il y eut même une rue de Berlin, qui fut débaptisée en 1914, pour les raisons que l'on devine, et qui fut remplacée par la rue de Liège, alors occupée par les Allemands pendant la Grande Guerre.
Quand Paris exportait son sous-sol vers l'Amérique
Le quartier dit "des carrières d'Amérique", est situé à proximité du Parc des Buttes Chaumont et du quartier de la Mouzaïa. Il fut ainsi nommé en raison de sa vocation à exporter la production desdites carrières (du gypse, exporté dès le 18è siècle), vers le Nouveau Monde. Remblayés, la fragilité des sous-sols explique la présence de maisons basses et l'absence de monuments importants dans le secteur.
L'eau de Javel, vous l'utilisez toujours...
Au bord de la Seine, dans le 15è arrondissement, le quartier de Javel porte un nom bien connu de tous les Français. Et ce n'est pas un hasard: à la place des champs et des vergers qui se trouvaient sur le hameau de Javel, le comte d'Artois, futur Charles X, fit construire ici, en 1777, des usines d'industrie chimique. On y produisait une eau désinfectante, à base d'hypochlorite de potassium: l'eau de Javel était née.
Question de vent
Pourquoi les beaux quartiers sont-ils situés à l'ouest de Paris? Eh bien, c'est une question de météorologie.
Les mines alimentant les industries polluantes de Paris au 19è siècles étaient situées dans le Nord et l'Est de la France. C'est une des raisons pour lesquelles les industries parisiennes se situent plutôt au nord et à l'est de la capitale. Mais ce n'est pas la seule. Rappelons-nous qu'au 18è et surtout au 19è siècle, ces industries étaient particulièrement polluantes, infiniment plus que nos industries modernes. L'usage intensif du charbon, les suies et les fumées empoisonnaient littéralement la vie de nos ancêtres.
De plus, les vents dominants viennent de la mer, c'est à dire...de l'ouest. Sous l'influence de ces vents, les fumées et autres scories étaient donc transportées vers l'est parisien, et épargnaient ainsi les beaux quartiers. CQFD.
Quand l'administration investit les beaux quartiers
Le 7è arrondissement fut traditionnellement celui dans lequel s'installa massivement l'aristocratie.
Bien évidemment, il ne s'appelait pas ainsi aux 17è et 18è siècles. Autant dire que le quartier fut particulièrement touché par les saisies révolutionnaires et que nombreux furent ses habitants qui émigrèrent ou moururent sur l'échafaud. D'emblée, l'Administration perçut le parti qu'elle pouvait tirer de ces grandes et belles maisons, et elle se les appropria sans vergogne. La tourmente passée, quelques aristocrates récupérèrent leurs biens, d'autres furent indemnisés, mais la vocation administrative du quartier était définitivement établie.
Le quartier où l'on s'amuse
Le quartier de l'Opéra est sans conteste celui des divertissements, théâtres et autres music-halls. Jugez plutôt: l'Olympia, music-hall créé en 1893, le théâtre Dejazet , créé en 1859, l'Opéra-Comique, créé en 1781, le théâtre Feydeau, disparu en 1829, le théâtre des Nouveautés jusqu'en 1868, l'Opéra Garnier, héritier de l'Opéra du Palais-Royal, le théâtre des Variétés, créé en 1807 par Mademoiselle Montansier, qui avait été dépossédée de son théâtre de la rue de Richelieu sous la Révolution, les Bouffes Parisiens, rue Monsigny, créés en 1826 et rénovés en 1855, le théâtre Mogador au 25 rue de la Chaussée d'Antin, et enfin la salle Ventadour, construite en 1826, et qui fut cédée en 1878 au Comptoir d'Escompte, puis à la Banque de France.
Paris, capitale de la mode
Le quartier des Champs-Elysées, c'est une banalité de le dire, est celui du luxe. J'ajouterai aussi celui de la mode. Si des noms moins connus y firent leurs débuts sous le Second Empire, tel Worth, couturier de la Princesse de Metternich et de l'Impératrice Eugénie, et qui fut le premier à présenter ses créations sur des modèles vivants. Son élève, Paul Poiret, révolutionna la mode en supprimant les corsets.
Ses ambassadrices, telle Isadora Duncan, en firent le roi incontesté de la mode. En 1912, il étendit son activité aux parfums et créa "Nuits de Chine". Il atteignit son apogée en 1925, lors de l'Exposition des Arts Décoratifs, où il arma trois péniches: Amour, Délices et Orgues. Il fut peu à peu détrôné par une nouvelle venue: Coco Chanel. Puis suivirent: Jeanne Lanvin, qui avait débuté comme modiste et connut la célébrité grâce à ses créations élégantes, et ses chapeaux. Elle créa plusieurs parfums, dont "Arpège". Jean Patou, Molyneux, Madeleine Vionnet. Actuellement, toute la haute couture est installée dans ce secteur: Rochas, Balenciaga, Nina Ricci, Cardin, Balmain, St Laurent, Dior, Givenchy, Laroche, Courrèges, Valentino, Jacques Estérel...
Un quartier giboyeux
Le quartier Monceau, au nord du 8è arrondissement, est l'un des plus prestigieux de Paris. Mais cela n'a pas toujours été le cas. En effet, le village de Monceau (ou Mousseaux), fut, depuis le Moyen-Age, l'un des villages nourriciers de Paris. Il dépendait alors, comme le village des Batignolles, de Clichy, où les rois mérovingiens avaient une résidence d'été. Au 14è siècle fut créée la seigneurie de Monceau, et Jeanne d'Arc y campa avant de tenter de délivrer Paris, en 1429. Le secteur était très apprécié pour l'abondance de son gibier, et l'on s'y adonnait aux plaisirs de la chasse, jusqu'au 18è siècle. C'est sous la Restauration que le quartier se réveilla, et que les terres agricoles commencèrent à changer de mains. Le mouvement s'accéléra après 1830, en raison de l'ouverture de la première ligne de chemin de fer de Paris à St Germain.
Lorsqu'en 1860 les communes limitrophes furent annexées à Paris, la spéculation et l'urbanisation se déchaînèrent. Les plus avisés, dont les frères Péreire, achetèrent de grands domaines à bas prix. Intelligemment, ils exigèrent que les acheteurs de leurs terrains y construisent "des maisons d'habitation bourgeoises". Ce qui permit la remarquable homogénéité des habitations du quartier. Ce phénomène fut admirablement décrit dans l'épopée de la Famille Boussardel, de Philippe Hériat.